Le PIB français a chuté de 5,8% au premier trimestre, du jamais-vu depuis 1949, selon l'Insee
RECESSION•Cette chute de l’activité « est principalement liée à l’arrêt des activités "non essentielles" dans le contexte de la mise en place du confinement à partir de la mi-mars »20 Minutes avec AFP
L’économie française est officiellement en récession et s’est contractée de 5,8 % au premier trimestre, du fait notamment du confinement en place depuis la mi-mars pour endiguer la pandémie de Covid-19, selon une première estimation dévoilée ce jeudi par l' Insee.
Il s’agit de la baisse la plus forte dans l’historique des évaluations trimestrielles du PIB débutées en 1949, et elle dépasse largement les reculs du premier trimestre de 2009 (-1,6 %) ou du deuxième trimestre de 1968 (-5,3 %), précise l’Insee. Après le recul de 0,1 % du produit intérieur brut (PIB) français enregistré au dernier trimestre 2019, cette performance confirme que la France est bien entrée en récession.
Baisse « inédite » des dépenses des ménages
Cette chute de l’activité « est principalement liée à l’arrêt des activités « non essentielles » dans le contexte de la mise en place du confinement à partir de la mi-mars », explique l’Institut national de la statistique dans sa publication. Cette évaluation est en ligne avec celle de la Banque de France, publiée début avril, qui estimait la contraction du PIB à environ 6 % au premier trimestre. Les dépenses des ménages ont connu une baisse « inédite » de -6,1 %, alors que de nombreux commerces, les restaurants ou encore les cafés, ont été fermés sur décision du gouvernement, selon l’Insee.
L’investissement des entreprises enregistre lui aussi un lourd recul de -11,8 %. Globalement, la demande intérieure contribue ainsi de -6,6 points à la baisse du PIB durant le trimestre écoulé. Première illustration de la crise économique dès le début de l’épidémie, le commerce extérieur s’affiche lui aussi en repli : -6,5 % pour les exportations et -5,9 % pour les importations. In fine, il contribue dont négativement (-0,2 point) à la baisse du PIB. A l’inverse, les variations de stocks y contribuent positivement, à hauteur de +0,9 points.
Chute historique de la consommation des ménages
Autre indicateur, les dépenses de consommation des ménages français ont chuté de 17,9 % en mars comparé au mois précédent, soit la plus forte baisse mensuelle enregistrée depuis le début de la série en 1980, a indiqué jeudi l’Insee. La consommation de biens fabriqués chute lourdement (-42,3 % après -0,6 % en février) et les dépenses en énergie baissent fortement (-11,4 % après -0,9 %). Seule la consommation alimentaire augmente nettement (+7,8 % après -0,1 %), détaille l’institut dans un communiqué. La hausse des prix à la consommation a également poursuivi son ralentissement en avril, reculant à 0,4 % sur un an contre 0,7 % en mars, malgré l’augmentation des prix de l’alimentation.
Après l’entrée en vigueur du confinement le 17 mars, qui avait provoqué une forte chute de l’inflation le mois dernier, le recul des prix de l’énergie s’est poursuivi en avril, accompagné d’un « net ralentissement des prix des services », a constaté l’Institut dans un communiqué. En revanche, les prix de l’alimentation « seraient nettement plus dynamiques sur un an qu’en mars », a estimé l’Insee, qui précise toutefois que la crise sanitaire du coronavirus a « affecté la qualité des données du mois d’avril ». Sur un mois, les prix à la consommation augmentent de 0,1 %, comme en mars, avec un net rebond des produits alimentaires « en lien avec la forte hausse de ceux des produits frais ». En revanche, les prix de l’énergie « baisseraient davantage, dans le sillage des cours des produits pétroliers ».