Coronavirus : Pour faire face aux annulations de salons professionnels, des start-up créent Saloon
INITIATIVE•Le premier Saloon se tiendra ce mardi. L’objectif de ce salon virtuel gratuit : recréer les bénéfices d’un salon professionnel via une plateforme en ligne et soutenir un pan de l’économie sérieusement éprouvé par le confinementLaurent Bainier
Ce mardi, les allées du Pavillon 4 de la Porte de Versailles à Paris devaient voir déambuler des milliers de personnes attirées par le salon e-Marketing. Elles resteront vides. Comme beaucoup d’autres, l’événement a été repoussé de plusieurs mois (au 1er septembre) pour satisfaire aux exigences du confinement. Si la situation est difficile à vivre pour les professionnels de l’événementiel, elle l’est aussi pour de nombreuses entreprises du tertiaire qui font de ces salons leur levier principal pour toucher de nouveaux clients.
« On s’est retrouvé dans la panade, parce qu’on compte beaucoup sur les salons, confirme Benoît Collet, expert marketing chez Plezi un éditeur de logiciels pros. Il n’y avait plus d’affaires qui rentraient… Il fallait faire quelque chose. » Ce quelque chose s’appelle Saloon. Saloon, comme les salons que Plezi et ses associés envisagent de faire revivre en ligne, mais avec deux « o », parce qu’en ces temps de confinement, le monde du webinar est un peu le far-west. Chacun y va de sa conférence en ligne, offre gracieusement du contenu, propose des tutos, des démos. Mais non-concertées, ces initiatives n’attirent pas au-delà de la propre clientèle, déjà convaincue, de chaque émetteur.
Alignés derrière une même bannière
« Nous voulions à tout prix recréer un lieu de rencontre de tous les experts, pour bénéficier de l’élan que crée un vrai salon, explique Benoît Collet à l’origine du projet. En peu de temps, on a développé Saloon en s’associant avec d’autres start-up comme Livestorm ou Crisp. Le gros de mon travail depuis, c’est de contacter toutes les boîtes de notre secteur d’activité pour qu’elles s’alignent toutes derrière la même bannière. »
Comme Meraky, entreprise de conseil en communication et marketing. Sa fondatrice, Fanny Bourdon-Bart a immédiatement rejoint l’aventure Saloon. Elle se produira sur la scène virtuelle du premier Saloon, les Trois jours du marketing digital organisés du 31 mars au 2 avril. « Je parlerai des lois de la physique et du marketing, de la manière dont on peut tirer profit des autres champs du savoir pour améliorer notre approche marketing, explique-t-elle. C’est une présentation que j’ai déjà donnée sur scène, mais jamais en ligne. » Comme elle, 28 conférenciers se succéderont pendant ces trois jours. Les participants pourront les écouter, mais également leur poser des questions en live et après l’événement.
Démultiplier l’audience
C’est ce qui a attiré Ahmed El Haouari, cofondateur de DeltaCE, une entreprise qui propose des services en ligne pour les comités d’entreprise. Ce mardi, depuis sa résidence alsacienne, il se connectera à Saloon pour assister aux conférences. « En ce moment, nous sommes tous isolés, nous faisons les choses dans notre coin, sans pouvoir échanger sur nos pratiques pros, décrit-il. Mardi, je compte poser des questions, sur l’attitude à adopter notamment au niveau commercial et marketing en ces temps de crise. Faut-il arrêter ses campagnes pub par exemple ? »
Le dirigeant s’est inscrit à plusieurs conférences. « C’est l’avantage de ce format. Ça démultiplie notre audience, explique Fanny Bourdon-Bart. On profite du réseau de chacun des autres conférenciers, ça permet de présenter notre expertise au plus grand nombre. » Et d’espérer décrocher des contrats. Car si la fondatrice de Meraky n’a pas vu son activité fondre avec la crise, d’autres ont été très sérieusement affectés par la mise en quarantaine du pays. En attendant que la ruée vers l’or reprenne un jour, ils pourront toujours étancher leur soif de connaissance sur Saloon. Les inscriptions (gratuites) sont encore ouvertes…