Lyon : Quatre mesures annoncées par Laurent Wauquiez pour favoriser le retour à l'emploi des chômeurs
EXPERIMENTATION•La région Auvergne-Rhône-Alpes a été désignée par le gouvernement pour piloter pendant deux ans l'action régionale de Pôle Emploi sur son terrainCaroline Girardon
L'essentiel
- Le gouvernement va mener pendant deux ans une expérimentation pour favoriser le retour à l’emploi des chômeurs.
- Il a désigné huit régions, parmi lesquelles Auvergne-Rhône-Alpes, pour piloter elles-mêmes l’action de Pôle Emploi sur le terrain.
- Laurent Wauquiez a présenté mercredi quatre mesures qui seront mises en place dans la région qu’il préside.
Il appelle cela « une vraie petite révolution ». Laurent Wauquiez, président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes a annoncé mercredi que la collectivité faisait partie des huit régions désignées par le gouvernement pour mener une expérimentation de deux ans : « le pilotage régional de l’action de Pôle Emploi ». En d’autres termes, « pour la première fois, la politique de l’emploi ne sera plus pilotée par Paris mais sur le terrain », résume l’élu. Et d’annoncer la couleur : « On tend la main mais il faut aussi que les gens se retroussent les manches. »
Les régions, les préfectures concernées et les antennes locales de Pôle Emploi vont donc « unir leurs forces » et auront carte blanche pour favoriser de façon plus efficace le retour à l’emploi des chômeurs. Avec pour cela plusieurs leviers d’action, présentés mercredi.
Une plateforme pour mieux cerner les besoins
« En région, de nombreuses personnes restent éloignées de l’emploi faute de formation alors qu’en parallèle, les entreprises ont du mal à recruter, constate en préambule Pascal Mailhos, préfet d’Auvergne-Rhône-Alpes. En 2018-2019, le taux de chômage dans la catégorie A a diminué de 3 %… mais le taux de chômage longue durée ou celui concernant les jeunes baisse beaucoup moins vite ».
« Le défi sera d’avoir à terme aucune offre d’emplois perdue », enchaîne Laurent Wauquiez. L’idée est donc de lancer un « observatoire » pour établir dans un premier temps un diagnostic. « Il y a déjà des outils qui existent mais nous ambitionnons de mettre en relation nos réseaux : les entreprises que nous accompagnons, les chambres consulaires, le Medef etc. pour faire remonter en temps réel les besoins », développe l’élu.
Favoriser les secteurs en tension
Quelque 350 millions d’euros seront alloués chaque année à la formation professionnelle pendant deux ans en Auvergne-Rhône-Alpes. « Malgré les financements massifs dépensés dans la formation professionnelle, 100.000 postes ne sont pas pourvus dans notre région », observe Laurent Wauquiez, qui affiche sa volonté de faire le tri : « Les stages parkings, qui permettent de sortir temporairement un demandeur d’emploi des statistiques du chômage, c’est terminé. On va élaguer tout ce qui ne sert à rien ».
Les centres de formation professionnelle et les offres de formation seront ainsi évalués. « On financera moins ceux qui proposent des formations à l’issue desquelles il y a peu de débouchés (la comptabilité ou l’administration par exemple) », tranche l’élu, indiquant que l’argent sera « mis en priorité sur les secteurs en tension », à savoir les métiers industriels, les métiers du digital, la restauration et l’hôtellerie, les services à la personne, le BTP mais aussi l’agriculture. Et que les personnes bénéficiant du RSA, se verront proposer en lien avec les départements, des formations pour ces métiers-là. « On préfère cela plutôt que de payer pour l’assurance chômage », martèle-t-il.
Instaurer un « droit de voir »
La région entend désormais surveiller par le biais d’une base de données le suivi des formations pour décider ensuite de continuer à aider ou non un demandeur d’emploi. « Si une personne arrête sa formation à mi-parcours sans aucun motif valable, on ne repaiera plus de formation dans les trois années qui suivent », prévient sans ambages Laurent Wauquiez. Même pour celles qui se seraient trompées et désireraient se réorienter. « Quand quelqu’un plante une formation, c’est une place prise pour une autre personne. Cela coûte cher. Quand on met un euro quelque part, il faut que cet euro serve à quelque chose », répond l’élu désireux d’insuffler une « vraie démarche de responsabilisation » auprès des demandeurs d’emploi.
Aiguiller les futurs travailleurs dès le plus jeune âge
L’idée : créer un « service d’orientation » pour « envoyer des signaux très tôt aux jeunes ». « C’est là où le Pôle Emploi se trouve handicapé car il ne peut pas agir sur ce volet », soulève Laurent Wauquiez. Le système, pensé par la région, consisterait à aiguiller dès le lycée, voir le collège, les élèves motivés vers les secteurs en tension. Histoire que les entreprises dans le besoin ne peinent plus à recruter.