ECONOMIEAmazon dit avoir payé 250 millions d'euros d'impôts en France en 2018

Sous pression, Amazon dit avoir payé 250 millions d'euros d'impôts en France en 2018

ECONOMIELe géant américain du commerce, qui a réalisé un chiffre d'affaires de 4,5 milliards d'euros dans l'Hexagone, ne livre toutefois pas le montant exact de l’impôt sur les sociétés
Le logo d'Amazon à Palo Alto, en Californie (illustration).
Le logo d'Amazon à Palo Alto, en Californie (illustration). - Yichuan Cao/Sipa USA/SIPA
20 Minutes avec AFP

20 Minutes avec AFP

Amazon contre-attaque. Régulièrement accusé de ne pas payer suffisamment d'impôts en France, le géant américain de la distribution en ligne a décidé mercredi soir d'en rendre public le montant. Amazon assure avoir contribué aux recettes fiscales de l'Hexagone à hauteur de 250 millions d'euros l'année dernière, sur un chiffre d'affaires de 4,5 milliards d'euros.

En 2018, «les prélèvements obligatoires liés aux activités d'Amazon en France se sont élevés à plus de 250 millions d'euros, dont plus de 150 millions d'euros correspondent à des prélèvements directs (impôt sur les sociétés, cotisations patronales, impôts locaux, etc.)», a précisé l'entreprise dans un communiqué, sans toutefois préciser le montant exact de son impôt sur les sociétés. Le reste consiste en taxes et impôts que «nous collectons pour le compte de l'Etat», a précisé à l'AFP le directeur général d'Amazon France, Frédéric Duval: cotisations sociales et salariales, TVA, CSG, etc. Quant à son chiffre d'affaires en France, il s'est élevé l'an dernier à 4,5 milliards d'euros, a dévoilé Amazon, sans préciser le montant de son bénéfice.

Réaction à la taxe Gafa

La société, au même titre que d'autres multinationales américaines comme Google, Apple et Facebook (les «Gafa»), est régulièrement accusée de minorer les revenus qu'elle perçoit en France afin de réduire ses impôts. Cette annonce intervient alors que le gouvernement français, pour mettre fin à des pratiques fiscales controversées des multinationales du numérique, a voté fin 2018 une taxe dite «Gafa» entrée en vigueur cette année et qui impose ces entreprises à hauteur de 3% du chiffre d'affaires réalisé en France.

Selon l'ancien secrétaire d'Etat au Numérique Mounir Mahjoubi, les géants américains du numérique («Gafa» plus Microsoft) ont déclaré l'an dernier en France un chiffre d'affaires quatre fois inférieur à celui réalisé effectivement, engendrant un manque à gagner d'un milliard d'euros pour le fisc.

Mahjoubi veut des chiffres détaillés

Mercredi soir, l'ex-ministre a toutefois estimé que cet effort de transparence constituait un «pas important car pour la première fois on a enfin un vrai chiffre d'affaires qui correspond à nos estimations (dans son rapport, NDLR) ou à celle d'Attac». «En revanche, ils ne sont pas transparents sur les activités qui correspondent à ce chiffre d'affaires et la répartition des impôts qu'ils payent. C'est comme s'ils voulaient minimiser l'importance de l'impôt sur les sociétés, en insistant sur les cotisations», a encore dit Mounir Mahjoubi à l'AFP.

«J'ai bien peur que la fiscalité qu'ils évoquent ne concerne que leur activité physique et pas leurs services virtuels comme la Market Place (une plateforme en ligne pour les vendeurs tiers) et Amazon Web Services», un service d'hébergement et d'informatique dématérialisée, a-t-il avancé.

Interrogé par l'AFP mercredi soir, le ministère de l'Economie n'a pas souhaité réagir à l'annonce d'Amazon. Début décembre, le ministre Bruno Le Maire avait fait savoir que «jamais» la France ne renoncerait à la taxe sur le numérique, malgré les menaces américaines de surtaxer certains produits emblématiques français, tels que le champagne ou la maroquinerie. Paris, avait-il ensuite rappelé, privilégie une «solution internationale» au dossier numérique, dans le cadre de l'OCDE.