Vacances de Noël : Ceux qui ont prévu de prendre un train sont-ils sûrs d’en avoir un ?
TRANSPORTS•La SNCF et le gouvernement n’ont pas été très clairs sur le sujetNicolas Raffin
L'essentiel
- Malgré le mouvement de grève à la SNCF contre la réforme des retraites, le secrétaire d’État aux Transports a promis que « l’ensemble des Français qui ont un billet auront un train garanti » pour partir à Noël.
- En réalité, certains voyageurs risquent de rester à quai en raison de la grève.
- Les prévisions pour la semaine de Noël (à partir du 23 décembre) ne seront connues que ce jeudi.
Alors que la mobilisation contre la réforme des retraites se poursuit, l’inquiétude monte pour ceux qui avaient prévu de prendre un train pour fêter Noël en famille. Pour tenter de rassurer, la SNCF a présenté mardi son plan de transports pour le début des vacances (du 19 au 22 décembre), qui est traditionnellement une période de forte affluence en gare. Pour les trajets du 23 au 26 décembre, les prévisions seront connues ce jeudi. Face à un taux de grévistes qui reste très important chez les conducteurs de trains ( 65,6 % ce mercredi), l’entreprise a dû adapter ses plans pour essayer de faire partir le maximum de voyageurs.
Selon les chiffres dévoilés par Rachel Picard, directrice générale de Voyages SNCF, 53 % des voyageurs ayant réservé un TGV entre ce jeudi et dimanche n’auront aucun problème puisque leur train circulera. Ensuite, 15 % seront replacés automatiquement dans un train partant le même jour (mais pas à la même heure), par exemple en attachant leur rame TGV à une autre pour pallier le manque de conducteurs.
Le reste des voyageurs dont le TGV ne circulera pas entre le 19 et le 22 décembre (32 % de ceux ayant une réservation) sont invités à échanger eux-mêmes sans frais leur billet pour un départ le même jour, voire à changer d’itinéraire (7 à 12 % des voyageurs). De quoi respecter la promesse faite par le secrétaire d’État aux Transports Jean-Baptiste Djebbari, qui expliquait mardi que « tous ceux qui ont un billet auront un train » ?
« La SNCF ne fera pas de miracles »
« La SNCF ne fera pas de miracles. Personne ne peut croire que l’on répondra à l’ensemble des voyageurs au vu du nombre de conducteurs en grève », explique à 20 Minutes Bruno Gazeau, président de la Fédération nationale des usagers du transport (Fnaut). En effet, les voyageurs TGV invités à échanger leur billet acheté longtemps à l’avance vont se retrouver en concurrence avec ceux qui s’y prennent à la dernière minute et qui se jetteront sur les dernières places disponibles. Autrement dit, si le stock de places prévues jusqu’à dimanche dans les trains (environ 850.000 billets) est a priori garanti, certaines personnes qui avaient anticipé leur voyage pourront être « remplacées » par des nouveaux arrivants qui n’avaient pas de billets jusqu’à maintenant.
Certains voyageurs ont ainsi déjà eu une mauvaise surprise. Un internaute a par exemple interpellé la SNCF sur Twitter : « J’ai découvert que mon train Paris-Nantes du 22 décembre était supprimé sur votre site, sans possibilité de réserver un autre train pendant le week-end car ils sont tous complets. Arrêtez de faire croire qu’il sera simple de voyager pendant les fêtes »
La ministre de la Transition écologique, Elisabeth Borne, a d’ailleurs reconnu ce mercredi matin sur France Inter que « l’objectif est que tous ceux qui ont pris un billet puissent avoir une solution, je ne dis pas que ce sera idéal ». La nuance par rapport aux déclarations de Jean-Baptiste Djebbari est de taille. Surtout lorsqu’un cadre SNCF cité par Le Parisien explique que « faire circuler 100 % des gens qui ont un billet » en période de grève, « c’est illusoire ! ». Par ailleurs, le service acompagnement « Junior&Compagnie » ne fonctionnera pas du 20 au 24 décembre. Cela représente 6.000 enfants qui devaient voyager.
La question du retour n’est pas réglée
Les voyageurs ont d’autant plus de raisons d’être prudents que la SNCF a axé sa communication autour de la circulation des TGV. Or, de nombreux vacanciers n’habitent pas forcément dans une métropole et doivent prendre un TER ou un Intercités pour attraper leur correspondance ou rejoindre leur destination. Les prévisions de trafic de ces trains, connues seulement la veille du départ, peuvent ajouter à l’incertitude. Et pour couronner le tout, la SNCF n’est pas à l’abri d’une augmentation du nombre de grévistes avant ce week-end, ce qui la forcerait à revoir à la baisse le nombre de trains en circulation.
« Au final, beaucoup de gens ne partiront pas, parce qu’ils ne sont pas sûrs d’avoir un train, affirme Bruno Gazeau. Et puis on ne sait pas comment va se passer le retour… ». Si le trafic ne s’améliore pas, la période du 28 décembre au 1er janvier s’annonce en effet très compliquée à vivre pour les voyageurs.