Grèves : « Je découvre des commerçants », « je me fais tout livrer »… Comment nos lecteurs gèrent leurs achats de Noël
LA COURSE AUX JOUETS•La grève, en cours depuis le 5 décembre, complique les déplacements. A moins de deux semaines de Noël, 20 Minutes a demandé à ses lecteurs comment ils faisaient pour réaliser leurs achatsRomarik Le Dourneuf
L'essentiel
- La grève menée contre la réforme des retraites a démarré le 5 décembre, et pourrait se poursuivre jusqu’à Noël. Comment faire, alors, pour boucler ses cadeaux de Noël ?
- 20 Minutes a interrogé ses lecteurs pour savoir comment ils allaient faire.
- Beaucoup se tournent vers Internet, et de nombreux achats ont été réalisés avant décembre.
La course aux achats de Noël, en temps normal, ce sont des magasins bondés, du stress pour trouver le cadeau parfait, et des clients tendus. Cette année pourtant, les galeries marchandes et les rues commerçantes n’ont pas leur visage habituel. Car la grève qui a débuté le 5 décembre dernier oblige les consommateurs à revoir leurs plans.
Avec les difficultés à se déplacer, le télétravail et les manifestations, il est en effet compliqué d’arpenter les boutiques. Et le temps tourne…. A moins de deux semaines du réveillon, 20 Minutes a interrogé ses lecteurs pour savoir comment ils vont faire pour leurs cadeaux malgré la grève.
« Les Français sont prévoyants »
« Etant donné que chaque année, il y a des problèmes, et que l’on trouve dès novembre de quoi faire les cadeaux, je n’attends pas le mois de décembre », raconte Cindy. Comme elles, beaucoup des lecteurs qui ont répondu à notre appel à témoignages se sont arrangés pour effectuer le gros de leurs achats avant le mouvement de grève. Gilles est de ceux-là : « J’ai profité du Black Friday pour faire mes achats, souvent avec de grosses réductions. »
Ces deux internautes ne sont pas un cas isolé, comme l’explique Nathalie Dumoulin, professeure associée de marketing à l’IESEG School of Management : « Les Français sont prévoyants. En moyenne, 75 % des dépenses de Noël sont effectuées avant le mois de décembre. » Elle confirme que cette tendance serait accentuée par le Black Friday et le Cyber Monday. D’autant plus que la grève était annoncée de longue date, comme le précise Sylvain : « On ne peut pas dire qu’on n’était pas prévenu, à chacun de prendre ses précautions. »
Internet en avance
Des précautions, Bernard en a pris. « Cela fait longtemps que je fais mes courses sur Internet. Je n’ai plus à subir la foule et je suis livré chez moi. » Et ils sont nombreux dans son cas, comme le montre une récente étude OpinionWay pour Proximis*. Selon elle, en amont de la grève, 69 % des personnes interrogées déclaraient privilégier le Web pour leurs achats de Noël.
Les commerces qui réceptionnent ces colis, et où les clients viennent les chercher, sont-ils alors gagnants ? Pas forcément, répond Nathalie Demoulin. : « En allant chercher leurs commandes en magasin, les clients sont susceptibles de céder à un achat impulsif, additionnel. Mais avec les grèves, ils veulent éviter de se déplacer et se font livrer directement chez eux. » Reste un problème pour les cyberacheteurs : 40 % d’entre eux avaient, dès octobre, peur de ne pas être livrés avant Noël, selon le même sondage. Une crainte d’autant plus justifiée aujourd’hui au regard des embouteillages, des premiers blocages constatés à La Poste et de la volonté des syndicats de transporteurs routiers de faire grève le 16 décembre prochain.
Cap sur les commerces de proximité
Pour d’autres, la méthode est bien différente : grève ou pas, ils rempliront leur hotte eux-mêmes coûte que coûte. « Je mets mes bonnes chaussures, je prends ma carte bancaire et je file vers les boutiques. », raconte Gilles. Il n’est pas le seul à vouloir braver les kilomètres à pied et le froid pour effectuer ses achats comme si de rien n’était. Sandra a le même raisonnement : « Même pour l’électronique, je préfère aller voir mon vendeur chez Darty ou Boulanger. »
Certaines boutiques pourraient par ailleurs sortir gagnantes de cette grève. De nombreux lecteurs veulent en effet opter pour les commerces de proximité. Karine exprime son enthousiasme : « J’ai décidé de faire tous mes cadeaux de Noël dans ma ville de L’isle-sur-la-Sorgue [Vaucluse] et j’ai pris un réel plaisir à chercher et à échanger avec les commerçants. » Romain raconte comment, lui aussi, a accepté la situation : « Je me suis lancé le défi de ne trouver mes cadeaux de Noël que dans les magasins proches de chez moi. Ça me force à plus d’inventivité et je découvre des commerçants que j’avais abandonnés. » Il n’est pas seul : « Ma copine, détentrice d’un magasin de déco en banlieue parisienne, remercie les employés de la SNCF. Cette grève est une bénédiction, elle double son chiffre d’affaires. »
De l’argent pour plus tard
Il y a donc ceux qui étaient déjà prêts, ceux qui prennent la chose du bon côté. Et puis ceux qui laissent tomber. « Moi, je donne de l’argent. Comme ça, ils pourront acheter plus tard et ce sera moins cher », explique Marie-France. Même raisonnement chez Cris : « A nous de mettre de beaux rubans autour de l’enveloppe des billets ou du chèque. C’est très rationnel, ça évite le temps perdu à chercher le cadeau ».
La solution la plus simple – et la plus radicale - reste celle choisie par Zekoy : « Cette année, je ne fais pas de cadeaux, j’ai la flemme. »