Comment ça marche ? Faut-il attendre ?…. Les réponses aux questions que vous vous posez sur l’entrée en Bourse de la FDJ
ACTION !•La privatisation de la Française des jeux, qui suscite autant d’intérêt que de controverses, est lancée ce jeudiRomarik Le Dourneuf
L'essentiel
- A compter de ce jeudi 7 novembre, 191 millions d’actions de la Française des jeux (FDJ) sont mises en vente à destination des particuliers.
- Ces actions bénéficient d’une décote de 2 % et d’une offre d’une action gratuite pour dix achetées. Ces bonus sont censés les rendre plus attractives.
- Nicolas Chéron, responsable de la recherche marchés pour Binck.fr, conseille d’attendre la réaction du marché avant de se lancer.
Elles sont belles les actions, elles sont belles ! Ce jeudi 7 novembre s’engage la première étape de la privatisation de la Française des jeux (FDJ) : la mise en vente aux particuliers de 191 millions d’actions, qui suscite autant d’intérêt que de controverses. Achat ou non, fonctionnement, avantages… Cette introduction en Bourse soulève des interrogations parmi nos lecteurs. 20 Minutes y répond avec l’aide de Nicolas Chéron, responsable de la recherche marchés pour le courtier en ligne Binck.fr.
Hugo : « Comment dois-je m’y prendre pour acheter des actions de la FDJ ? Suis-je obligé de passer par un courtier ou puis-je passer par un banquier ? Est-il possible d’utiliser un Plan épargne actions (PEA) ? »
Il existe plusieurs manières de se procurer des actions. Si un particulier peut tout à fait s’adresser à un courtier, pour Nicolas Chéron, le plus simple reste de s’adresser à sa banque. Il explique : « Elle connaît son client et a déjà tous les détails de sa situation financière et ses coordonnées. » Le particulier peut ouvrir un compte-titre ou un plan d’épargne actions (PEA).
Ce dernier, tout comme le compte-titre, permet d’acheter des actions. Ils correspondent simplement à une logique de gestion différente. « Le compte-titre est préférable si l’on souhaite spéculer à court terme (moins de 5 ans). Si on est dans une logique d’investissement à long terme, la PEA s’y prête mieux fiscalement », note Nicolas Chéron.
Céline : « Je voudrais connaître les intérêts et les dangers d’une telle opération. N’y a-t-il pas un risque de faire une " Eurotunnel " ou une " EDF " [hausse pendant six mois, puis dégringolade] et de tout perdre en quelques mois ? Est-ce qu’on peut tout revendre si ça baisse ? »
Avant de se lancer dans l’investissement en Bourse, pour des actions FDJ ou autres, Nicolas Chéron clarifie un point : « On investit de l’argent dont on n’a pas besoin. Il ne faut pas risquer l’argent des vacances ou des études du petit dernier. La Bourse est risquée et il faut laisser fructifier un certain temps, ne pas être pressé. »
En ce qui concerne la FDJ, l’analyste se veut rassurant : « C’est une société dont le business est très mature, en situation monopolistique et soutenue par le gouvernement, qui a intérêt à se voir reverser 3,5 milliards d’euros de recettes fiscales. » Les chiffres des dernières années tendent à l’optimisme pour un investissement de « bon père de famille », qui ne devrait pas s’effondrer ni se multiplier par cinq en six mois. En cas de baisse, il est bien sûr possible de revendre ses actions.
Ludovic : « Est-ce que les avantages promis (2 % de décote et une action gratuite pour dix achetées) valent le coup ? Est-ce qu’on peut en bénéficier après la souscription ? »
Une décote de 2 %, par rapport aux prix pour les grands investisseurs, est instaurée pour tous les particuliers qui souscriront à des actions de la FDJ. Selon Nicolas Chéron, celle-ci est assez avantageuse. Par exemple, la décote de l’action GDF, en 2005, s’élevait à 0.9 % au maximum. Elle s’applique pour toutes les actions à la souscription. Une fois les 191 millions d’actions souscrites, les actions intégreront le marché et la décote ne sera donc plus valable.
Pour rendre attrayante l’acquisition de part de la FDJ aux particuliers, le gouvernement a également promis une action gratuite pour dix achetées. Toutefois, pour en bénéficier, il faut conserver les actions achetées au moins dix-huit mois. « Cela peut être une bonne affaire, approuve Nicolas Chéron. Ça va dépendre de la valorisation de l’action. » Mais l’analyste pense que ces avantages ne devraient pas être déterminants dans l’achat ou non des actions FDJ.
Amandine : « Est-il préférable d’acheter dès le 7 novembre, où vaut-il mieux attendre un peu ? »
« Une introduction en Bourse de cette ampleur suscite beaucoup d’attentes, donc l’action devrait être très volatile », estime Nicolas Chéron. Il justifie cette prédiction par la situation économique actuelle : « Nous sommes dans une possible fin de cycle économique et boursière. » En 2018, le maximum aurait ainsi été atteint en termes de résultats macroéconomiques, de croissance des entreprises… Si bien que « depuis un an, la situation se dégrade et les marchés tiennent grâce aux banques centrales, mais ça ne pourra pas durer éternellement », insiste l’analyste. Conséquence : un manque de visibilité à dix-huit voire vingt-quatre mois. D’où ce conseil : « attendre de prendre le pouls du marché, qu’il se dévoile », avant de miser sur la réussite boursière de la FDJ.