VIDEO. Marseille : Circ, Voï et Bird seuls opérateurs de trottinettes électriques pour « éviter l’anarchie »
TRANSPORT•A partir du 21 octobre, seules les sociétés Bird, Voï et Circ seront autorisées à Marseille. Un coup dur pour Lime, pionnière dans l’installation de trottinettes électriquesMathilde Ceilles
L'essentiel
- Jusqu’ici, huit sociétés se partageaient le marché des trottinettes électriques à Marseille.
- A partir du 21 octobre, elles ne seront plus que trois : Bird, Circ et Voï.
- Un coup dur pour la société Lime, première à s’être installée à Marseille.
Ils étaient jusqu’ici huit à se partager un marché en plein essor. A partir du 21 octobre, ils ne seront plus que trois. La ville de Marseille a retenu les candidatures des sociétés Bird, Circ et Voï pour être les uniques sociétés proposant des trottinettes électriques dans les rues de la ville d’ici quelques jours. Marseille souhaitait en effet limiter le nombre d’exploitants sur son territoire.
Désormais, chacune des sociétés retenues sera autorisée à déployer un maximum de 2.000 trottinettes électriques. Pour décrocher ce marché, onze sociétés s’étaient présentées sur la ligne de départ, en remplissant un dossier détaillé pour répondre aux exigences de la municipalité, qui demandaient notamment des garanties en termes de sécurité et de partage de l’espace public. Les dossiers ont été ensuite évalués et classés, avant d’établir le trio gagnant.
283 accidents depuis le début de l’année
« Ce qui a fait la différence, c’est notre technologie de stationnement, assure Lucas Bornert, DG France et Italie de Voï. Nous avons été le premier à mettre en place des zones de parking avec bonus et des zones de non-parking. » « Chez Bird, on insiste beaucoup sur la sécurité, à travers des opérations de terrain comme la distribution de casques il y a trois semaines à Marseille », abonde son directeur, Driss Ibenmansour. Il faut dire que, depuis janvier, les trottinettes électriques ont engendré à Marseille 283 accidents nécessitant l’intervention des marins-pompiers.
Et d’affirmer : « nous avons un partenariat avec une société spécialisée dans le conditionnement et le recyclage des batteries en lithium pour éviter que ce dernier ne coule dans l’eau, quand les trottinettes sont jetées dans le Vieux-Port ». Les trottinettes électriques sont en effet devenues une source de pollution, car jetées en grand nombre dans la mer.
Du côté des sociétés victorieuses, l’heure est au satisfecit. Il faut dire qu’elles se retrouvent une poignée à se partager un marché en plein essor dans une ville où les trottinettes électriques viennent pallier les déficits de transports en commun. Les 4.697 trottinettes actuellement en service ont séduit plus de 4 millions d’utilisateurs depuis le début de l’année. Un succès qui demande une certaine organisation, notamment pour Voï. La société suédoise n’avait déployé jusqu’ici que 200 trottinettes, et va devoir multiplier par 10 sa flotte.
Coup dur pour Lime
« Décrocher ce marché à Marseille est pour nous une excellente nouvelle, confie Driss Ibenmansour. C’est une ville en plein développement économique et touristique. Or, on a remarqué que nos trottinettes sont utilisées par des Français, mais aussi des étrangers. Et un des gros avantages de Marseille est que l’on peut faire de la trottinette toute l’année… »
La pilule a toutefois du mal à passer pour la société Lime. L’opérateur américain a été le premier à frapper à la porte de la mairie, puis convaincre ses élus d’installer dans la deuxième ville de France des trottinettes électriques. Dès le départ, Lime avait remporté un franc succès auprès des Marseillais, avec ses 1.500 trottinettes électriques disponibles et ses plus de 2,5 millions de kilomètres parcourus, soit près de la moitié de la distance parcourue en trottinette électrique à Marseille.
Quid des usagers ?
A partir du 21 octobre, les 53 salariés marseillais de Lime n’exerceront donc plus. « Lime a investi plusieurs millions d’euros dans son entrepôt et dans l’économie locale, déplore la société par communiqué de presse. Au-delà du temps, de l’énergie et de l’argent investis, Lime s’était fixé un objectif : servir les Marseillais pour s’inscrire dans le paysage local. Notre déception est à la hauteur de cet engagement et des efforts déployés. »
Et qui des usagers dans tout cela ? Dans un marché avec si peu d’acteurs, comment garantir que les prix et le service resteront les mêmes ? Aucune certitude sur ce point n’est pour l’heure actée. « Nous souhaitons proposer un prix le plus inclusif possible et offrir le service au plus grand nombre, affirme Driss Ibenmansour. Cela reste un marché concurrentiel, on ne peut pas profiter de cette situation pour augmenter les prix. »
« Une convention plus restrictive »
« Avec moins de sociétés opératrices, nous allons pouvoir avoir des relations plus suivies, de qualité, beaucoup plus régulières, espère Jean-Luc Ricca, conseiller municipal en charge du stationnement et de la circulation. Il sera plus facile de faire passer des messages pour éviter l’anarchie et construire un service de qualité pour les Marseillais. »
Même incertitude du côté des problématiques posées par les trottinettes. « Dans les quinze jours à suivre, je vais réunir les trois opérateurs pour qu’ils cosignent une convention beaucoup plus restrictive, affirme Jean-Luc Ricca. On va par exemple imposer qu’à partir du moment où une trottinette est dans la mer, les opérateurs aient trois ou quatre jours pour aller la chercher. » A suivre donc…