Réforme des retraites : Tout comprendre au nouveau round de discussions
MARATHON•Le Premier ministre reçoit jeudi et vendredi syndicats et organisations patronalesCatherine Abou El Khair
L'essentiel
- Le gouvernement relance les discussions sur la réforme des retraites jeudi et vendredi en recevant les partenaires sociaux.
- L’exécutif souhaite aboutir à un projet de loi « dans les mois qui viennent »
- Il mise sur une « consultation citoyenne » afin de calmer le jeu sur ce sujet inflammable, alors que des manifestations sont prévues ce mois-ci.
Les discussions sont loin d’être terminées. Déjà consultés depuis près de dix-huit mois par Jean-Paul Delevoye, l'ex-Haut commissaire chargé du sujet entré mardi au gouvernement, les syndicats et les organisations patronales seront de nouveau reçues, jeudi et vendredi à Matignon. Au menu des discussions : encore et toujours la construction du futur système « universel » de retraites, que souhaite mettre en place le gouvernement. Avant que l’acte II des pourparlers ne commence, 20 Minutes vous aide à y voir plus clair.
Quel est le calendrier ?
Au menu de cette première rencontre de rentrée avec les partenaires sociaux : la présentation de la méthode de l’exécutif pour accoucher du projet de loi sur le futur système universel de retraites. Un texte qui s’appliquera à partir de 2025 et qu’Edouard Philippe s’est engagé à présenter « dans les mois qui viennent », a-t-il assuré fin août. Jeudi et vendredi, les partenaires sociaux en sauront donc plus sur leur rôle dans cette nouvelle phase, ainsi que sur les contours de la « consultation citoyenne », qui aura pour but d’élargir le débat aux Français, à l’instar du « grand débat national » organisé au printemps.
Les 18 mois d’échange entre les partenaires sociaux et Jean-Paul Delevoye n’ont en effet pas suffi à épuiser le sujet. « Il est normal qu’il y ait encore un espace de discussion entre le rapport Delevoye [remis le 18 juillet dernier] et le projet de loi, estime Frédéric Sève, secrétaire national de la CFDT en charge des retraites. On a bâti le cahier des charges. Maintenant, il faut produire la réforme ». Un sujet complexe autant qu’inflammable.
Quels sont les principes de la réforme ?
Difficile d’aller plus vite que la musique tant les principes de la réforme promise par Emmanuel Macron sont ambitieux : évoluer vers un système universel à points. Comme le souligne Jean-Paul Delevoye dans son rapport présenté mi-juillet, il s’agit d’instaurer « des règles communes à tous, quel que soit son statut, et la fin des régimes spéciaux ».
Grâce au système à points, « un euro cotisé » devra donner lieu aux mêmes droits, là où aujourd’hui, chaque régime de retraite dispose de règles spécifiques. Les droits acquis chaque année seront en outre « plus visibles pour les assurés ». Autre changement : dans le système à points, toutes les périodes d’activité vont compter. Actuellement, les 25 meilleures années sont prises en compte pour les salariés du privé, tandis que pour les fonctionnaires, les retraites sont calculées sur la base des six derniers mois.
Que reste-t-il à négocier ?
L’annonce d’un « âge-pivot » à 64 ans, en juin dernier, avait provoqué une levée de boucliers côté syndical. Le système annoncé de décote en cas de départ avant cet âge d’équilibre n’était, selon eux, qu’une manière indirecte de rendre fictif l’âge légal de départ à la retraite, maintenu à 62 ans. Face au tollé, fin août, Emmanuel Macron a indiqué sa préférence pour un calcul basé sur la durée de cotisation, déconcertant cette fois-ci la partie patronale. Une option qui « ne suffira pas à rééquilibrer les régimes », avait déclaré le président délégué du Medef Patrick Martin dans la foulée. De ce fait, « tout reste à faire », estime Eric Chevée de la CPME, qui était satisfait de la recommandation de Delevoye. « L’âge-pivot ne nous allait pas si mal », souligne-t-il. « Il y a besoin d’améliorer ce système, mais pas de tout changer », affirme quant à lui Philippe Martinez (CGT), pour qui « le système par points est injuste. »
Autre détail à régler : mieux prendre en compte la pénibilité du travail dans le futur système, selon la CFDT. Enfin, un paramètre, et non des moindres, est à trancher : la manière dont la valeur du point servant au calcul des pensions sera fixée.
Qu’est ce qui pose problème ?
Le passage vers un système à points va-t-il améliorer les retraites des plus modestes ? Pour Henri Sterdyniak, économiste à l’Observatoire Français des conjonctures économiques, le système va conduire à une baisse des pensions. « Le gouvernement veut maintenir le niveau de dépenses des retraites actuel et refuse d’augmenter les cotisations », et ce malgré le vieillissement de la population.
Autant de contraintes à prendre en compte qui ne vont pas arranger la suspicion généralisée des Français à l’encontre du gouvernement sur le sujet. Selon un sondage YouGov pour le Huffington Post, 60 % des Français ne font pas confiance au gouvernement pour « mener une large concertation avant de lancer sa réforme générale des retraites ». Les syndicats sont logés à la même enseigne : 55 % des sondés expriment une défiance à leur égard. Ils comptent en tout cas se faire entendre, avec des manifestations prévues le 13, le 16, le 21 et le 24 septembre.