Brexit: «C'est obligatoire de se préparer» pour les entreprises françaises, estime le gouvernement
BREXIT•100.000 entreprises françaises commercent avec le Royaume-Uni20 Minutes avec AFP
Les quelque 100.000 entreprises françaises qui commercent avec le Royaume-Uni doivent obligatoirement se préparer au Brexit quelle que soit la forme que celui-ci prendra, ont prévenu mardi trois membres du gouvernement.
« C’est obligatoire de se préparer » pour les entreprises afin qu’elles « ne perdent pas de temps. Le Brexit est une décision qu’a prise le peuple britannique, donc ça va se poser d’une manière ou d’une autre », a déclaré la secrétaire d’Etat à l’Economie Agnès Pannier-Runacher sur BFM Business.
« Le point essentiel, c’est la frontière intelligente pour les entreprises qui exportent » c’est-à-dire « la dématérialisation des formalités de passage aux douanes » préparées en amont par les transporteurs sous forme de télédéclaration, a détaillé la ministre. Le volume d’affaires avec le Royaume-Uni s’élève à 60 milliards d’euros par an et un Brexit sans accord pourrait coûter 0,2 point de PIB (4,7 milliards d’euros), selon Bercy. Environ 20.000 entreprises françaises exportent au Royaume-Uni.
Nouveau système de transit
Vendredi, le ministre des Comptes publics Gérald Darmanin, en charge des Douanes, avait inauguré à Calais le nouveau système de transit qui va être testé durant un mois. Les entreprises françaises qui commercent avec le Royaume-Uni devront être en possession d’un numéro d’immatriculation EORI servant aux opérations douanières entre l’UE et le reste du monde, ce qu’une grande partie d’entre elles n’ont jamais fait. Elles devront ensuite remplir une télédéclaration, ce qui pourra être fait en amont, et à distance.
« Lorsque vous avez préparé ça, par reconnaissance de la plaque d’immatriculation, vous allez passer plus vite la frontière », a assuré Agnès Pannier-Runacher, précisant qu’outre les formalités de dédouanement, « s’agissant de l’agro-alimentaire, il faut s’assurer qu’on a bien les certificats sanitaires qui permettent d’exporter ».
Le secrétaire d’Etat Olivier Dussopt a précisé lors de la réunion à Bercy que pour faire face au travail administratif supplémentaire imposé par le Brexit, le gouvernement avait « acté le recrutement de 700 douaniers supplémentaires, dont 600 sont déjà recrutés ». Il y aura « deux files : celle des gens qui auront anticipé et qui seront en fast-track » et une autre plus lente, selon Agnès Pannier-Runacher. « Le pourcentage d’entreprises ayant effectué les procédures évolue favorablement mais n’est pas encore suffisant pour que tout le monde soit préparé », a jugé Olivier Dussopt, le gouvernement affirmant avoir pris contact avec environ 20.000 entreprises sur le sujet.
« Le no-deal, c’est un moment, ce n’est pas un état qui sera prolongé »
Le gouvernement s’inquiète du flou qui subsiste côté britannique à la fois sur le niveau des droits de douane qui seront imposés aux produits de l’UE et sur certaines procédures sanitaires, phytosanitaires et vétérinaires.
« On n’a pas le catalogue des tarifs de douane du Royaume-Uni », a déploré la secrétaire d’Etat chargée des Affaires européennes Amélie de Montchalin, qui estime toutefois que « le no-deal, c’est un moment, ce n’est pas un état qui sera prolongé » notamment parce que les Britanniques n’y ont pas intérêt. Un Brexit sans accord commercial avec l’UE pourrait signifier que les relations des pays européens avec le Royaume-Uni seraient régies par les règles de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Afin d’éviter que des entreprises françaises soient touchées par ricochet en raison de l’impréparation d’entreprises situées dans d’autres pays européens, une réunion sera organisée la semaine prochaine à Paris avec les 27 ambassadeurs des pays de l’UE, a précisé Amélie de Montchalin. Une telle situation pourrait se produire si des produits français et des biens en provenance d’autres pays de l’UE se trouvent à bord d’un même camion à destination du Royaume-Uni.