Avec quelles offres les banques font-elles les yeux doux aux adolescents?
ARGENT•Si les jeunes n’ont que peu de fonds à faire fructifier, ils sont en revanche une clientèle d’avenirJulie Polizzi pour 20 Minutes
Peu porté sur la gestion financière, un ado conserve le plus souvent ses maigres économies dans l'établissement bancaire de ses parents. Pour séduire cette jeune clientèle qui aura bientôt besoin d’un prêt pour financer des études, emménager dans son premier studio ou s’acheter une voiture, les banques doivent multiplier les gestes commerciaux.
Des offres coups de pouce
L’avenir financier d’un enfant se prépare dès son plus jeune âge avec l’ouverture d’un compte épargne à son nom. Si le livret A reste incontournable, il est toutefois peu rémunérateur (0,75 % depuis 2015). Pour se distinguer, les agences proposent donc un petit versement de bienvenue à l’ouverture du compte, à l’instar de BNP Paribas, qui offre 30 euros à tout nouveau client de moins d’1 an. Des livrets non réglementés permettent aux enfants de moins de 12 ans de faire davantage travailler leur argent de poche. Les offres Teenager au CIC et livret VIP Junior au Crédit Mutuel rapportent par exemple 1,75 % d’intérêts bruts par an aux petits clients de 10 à 12 ans, contre 0,95 % pour le livret Zébulon de LCL.
Avec l’accord parental, un adolescent peut ensuite s’initier à la gestion financière en optant pour un livret jeune. Ouvert avec un minimum de 10 euros, ce produit d’épargne réglementé, dédié aux 12-25 ans, permet de déposer jusqu’à 1.600 euros. C’est également l’occasion d’obtenir sa première carte bancaire, néanmoins limitée au retrait d’espèces. Bémol : le taux de rémunération minimum n’est que de 0,75 %. Ceci étant dit, les banques sont libres d’être plus généreuses, 2 % chez Axa Banque, 1,75 % dans plusieurs Caisses d’Épargne ou encore 1,50 % à la Banque postale.
Des cartes bancaires spécifiques
À l’heure des achats sur Internet et des jeux vidéo payants en ligne, les ados sont de plus en plus demandeurs de moyens de paiement dématérialisés. Et les banques l’ont bien compris. Dès 12 ans, il est ainsi possible de dégainer sa carte bancaire pour régler ses achats avec la carte prépayée rechargeable Régliss de la Banque postale ou la Wizz Mastercard proposée par la Bred.
Autre option : la carte à « autorisation systématique », pour éviter tout découvert. C’est l’objet de l’offre Myb’s de BNP Paribas et de la carte Kador de Boursorama. Enfin, une carte de paiement classique en gestion libre est également possible dès 12 ans au Crédit Agricole (carte Mozaïc) et dès 15 ans au Crédit Mutuel (MasterCard Jeune).
Des banques dédiées
Alors que les établissements en ligne étaient auparavant peu compétitifs en la matière, des néobanques ont depuis flairé le bon filon et développé des offres ciblant les ados. Le principe : proposer une gestion 2.0 de l’argent de poche. Outre une carte bancaire, le jeune a ici accès à une application mobile lui permettant de gérer ses économies, tandis que ses parents ont leur propre espace pour garder un contrôle sur ses transactions et s’assurer qu’il ne fait pas n’importe quoi.
On retrouve ce concept dans l’offre Jump (12-17 ans) de la néobanque toulousaine Morning, mais aussi avec Xaalys, une application mobile visant l’éducation financière des ados dès 12 ans. Petit nouveau sur ce marché, Pixpay joue dans la même catégorie, mais fait reculer la limite d’âge en lançant une offre pour les 10-18 ans.
Les droits des parents
Si la plupart des parents ouvrent un compte épargne à leur enfant et tentent de l’alimenter de façon régulière, on n’est jamais à l’abri d’un coup dur. Il faut savoir que les parents ont un droit de jouissance légale qui permet de gérer et de disposer des biens de l’enfant et ce, jusqu’à ses 16 ans. Rien n’empêche par conséquent de puiser dans son livret A.
Le législateur a cependant prévu deux limites. Les revenus tirés du travail de l’enfant, s’il est acteur par exemple, sont en effet protégés. De même, si l’un des grands-parents ouvre un compte épargne à un enfant, il peut prévoir une clause imposant la signature du souscripteur pour toute opération.