Perpignan: Le train des fruits et légumes vers Rungis, comment ça marche ?
TRANSPORTS•Une réunion doit se tenir aujourd'hui au ministère des Transports pour évoquer l'avenir de la ligneNicolas Bonzom
L'essentiel
- La liaison fret, qui achemine chaque année 400.000 tonnes de marchandises de Perpignan au marché de Rungis, en banlieue parisienne, est menacée.
- Depuis 1986, cette ligne s’élance du centre « d’éclatement » Saint-Charles International, première plate-forme logistique de ce type en Europe.
- Un train bondé de marchandises part chaque jour de Perpignan, directement Rungis.
Le train des fruits et légumes n’a pas la patate. La liaison fret, qui achemine chaque année 400.000 tonnes de marchandises de Perpignan au marché de Rungis, en banlieue parisienne, est menacée. En cause, les 82 wagons réfrigérés, à bout de souffle, dont le renouvellement exigerait un investissement de plus de 20 millions d’euros. Mais comment fonctionne ce train, dont on parle tant ces dernières semaines ?
Depuis 1986, cette ligne s’élance du centre « d’éclatement » Saint-Charles International, première plate-forme logistique de ce type en Europe. C’est ici, à l’ouest de Perpignan, que débarquent chaque année 1,76 million de tonnes de fruits et légumes, avant d’être redirigées principalement vers le nord et l’est du Vieux Continent.
Peu de produits d’Occitanie
Il n’y a sur le site que très peu de productions d’Occitanie, seulement 100.000 tonnes par an, selon les chiffres publiés par le centre Saint-Charles. La quasi-totalité vient d’Espagne (64 %) et du Maroc (24 %). Ainsi, sur le train vers Rungis, il y a très peu d’abricots du Roussillon. « On préférerait que tous les agriculteurs mettent leurs marchandises sur le train, confie Mikaël Meusnier, délégué CGT Cheminots et conducteur de ce train. Il y a un peu de fruits et de légumes de la région, mais le pourcentage est très réduit. Il n’y a pas assez de production locale. »
Six jours sur sept, le train s’élance chargé de victuailles en fin d’après-midi, ne s’arrête pas, sauf pour la relève des conducteurs, et déboule en banlieue parisienne aux alentours de 2h du matin. « Le train rentre directement au cœur du marché de Rungis, et en une demi-heure, il est déchargé », reprend Mikaël Meusnier.
« Le train, il peut rouler des années et des années »
Si aucune solution n’est trouvée, ce train pourrait être remplacé par des camions lancés sur les autoroutes. Le contrat qui lie la SNCF aux affréteurs des wagons arrive en effet bientôt à échéance. Pour maintenir la ligne, le matériel doit être renouvelé. « Certes, le matériel est vétuste, mais il est entretenu, et il roule en toute sécurité, assure le délégué CGT. C’est comme si vous aviez une vieille voiture, il y a de l’entretien, forcément. Il faudra un jour ou l’autre investir, mais le train, il peut rouler des années et des années. »
Plusieurs rassemblements se tiennent ce jeudi pour soutenir la ligne, à Perpignan et à Paris, alors qu’une réunion est prévue à ce sujet au ministère des Transports.