Complémentaire santé: les Français sont-ils bien couverts?
ARGENT•Trois ans après l’entrée en vigueur de la généralisation de la complémentaire santé d’entreprise, le ministère de la Santé a fait le point récemment sur l’étendue de la couverture mutuelle des citoyensJulie Polizzi pour 20 Minutes
Pour bénéficier de soins de qualité à moindres frais, il n’y a pas de secret : il faut avoir une mutuelle. Pour s’assurer que la majorité de la population est couverte, la loi ANI a généralisé la complémentaire santé d’entreprise en 2016. La réforme a-t-elle réellement changé la donne ? C’est ce qu’a voulu déterminer la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques ( Drees), l’institut statistique du ministère de la Santé, en dressant un panorama de la situation globale, publié début avril.
Du contrat individuel au collectif
Alors que 70 % des salariés bénéficiaient d’un contrat collectif en 2014, ils sont désormais près de neuf sur dix après l’évolution de la législation. La réforme a surtout eu pour effet de créer un phénomène de transfert de couverture de l’individuel vers le collectif davantage que d’élargir le nombre de personnes couvertes, puisque la plupart des travailleurs étaient déjà protégés par une mutuelle.
Par ailleurs, alors que l’obligation d’adhérer à la complémentaire de son entreprise est tout de même contraignante – sauf si vous avez déjà une couverture individuelle –, les employés semblent avoir plutôt bien accepté le changement. D’après cette étude, « sept salariés sur dix se déclarent satisfaits de l’évolution du coût ou des remboursements proposés ». Ce qui n’est pas étonnant puisqu’en 2016, « les contrats les plus couvrants concernaient sept bénéficiaires de couvertures collectives sur dix, contre un sur dix en individuel ». À l’inverse, seuls 10 % des salariés avaient une mutuelle d’entreprise bas de gamme, contre 30 % des assurés en individuel.
La précarité augmente
Les chiffres de l’enquête indiquent que les Français semblent bien couverts en matière de santé, puisque plus de 95 % de la population a souscrit un contrat de complémentaire. Mais ces statistiques cachent une réalité moins idyllique. Dans le détail, on apprend en effet que bon nombre de citoyens précaires sont protégés par les dispositifs d’État.
Quelque 5,5 millions de personnes bénéficient ainsi de la couverture maladie universelle complémentaire (CMU-C), soit une hausse de 31 % depuis 2009. Quant à l’aide au paiement d’une couverture maladie complémentaire (ACS), elle est perçue par 1,2 million d’allocataires, ce qui représente une augmentation de 25 % depuis la réforme du dispositif en 2015.