INDUSTRIELe fabricant de satellites Thales Alenia Space veut réduire la voilure

Thales Alenia Space: Le fabricant de satellites basé à Cannes et à Toulouse veut réduire la voilure

INDUSTRIEAvec un nombre de commandes en baisse et deux nouveaux appels d’offres qui viendraient juste d’être perdus, un sureffectif d’au moins 500 personnes est identifié
Fabien Binacchi

Fabien Binacchi

L'essentiel

  • Le leader européen de la fabrication de satellites Thales Alenia space, basé à Cannes et à Toulouse, présente un sureffectif de 500 personnes.
  • L’entreprise fait face à une baisse du nombre de commandes.
  • Le marché mondial du satellite est impacté.

Après plusieurs années en très haute atmosphère, le leader européen de la fabrication de satellites serait-il entré dans un trou d’air ? Lors d’un Comité central d’entreprise mi-avril, Thales Alenia Space (TAS) a fait savoir que ses sites de Cannes (2.000 emplois) et de Toulouse (2.500) présentaient un sureffectif de 500 personnes. Pas de « plan social » envisagé cependant pour le moment, la chose étant « prématurée » selon la direction du siège social, basé près de la Croisette.

Mais la situation serait en train d’évoluer et pourrait se révéler encore plus préoccupante. Selon une source interne, deux appels d’offres, vraisemblablement pour des satellites de télécommunications et d’observation, viendraient tout juste d’échapper à TAS. Le nombre d’employés en sureffectif pourrait être ainsi encore revu à la hausse. Interrogée ce jeudi par 20 Minutes, la direction n’a ni confirmé ni démenti l’information.

Le nombre de commandes au niveau mondial a décroché

Une nouvelle qui ne ferait qu’accentuer le problème : la baisse drastique du nombre de nouvelles commandes. Après avoir fabriqué entre 30 et 35 satellites dans les années 2010, entre 20 et 25 dans les années 2015, l’industriel n’a réussi à en vendre qu’une dizaine en 2017 et 2018. Ces deux dernières années ont été marquées par de nombreux lancements (88 au total), mais depuis l’activité est faible.

« Nous traversons conjoncturellement une période de ralentissement des marchés d’observation optique et de telecom dans le spatial. Les commandes ne sont pas au rendez-vous et nous nous mobilisons pour renverser cette tendance et décrocher des contrats. En attendant, nous sommes dans le constat d’un problème d’adéquation entre nos charges et nos effectifs », indique la direction, dont la célébration des 90 ans d’implantation à Cannes devrait être moins festive que prévu cette année.

Selon l’entreprise, c’est le nombre de commandes au niveau mondial sur le marché des satellites de télécommunication géostationnaires qui a décroché. En cause, d’après elle : un certain attentisme des opérateurs « pour savoir comment allaient évoluer les besoins des utilisateurs », un nombre d’engins nécessaires moins important pour les mêmes applications et des durées de vie plus longues que prévu.

"Une situation de crise très grave"

C’est d’ailleurs pour ça que TAS cherche à diversifier son catalogue, avec son projet Stratobus, un concurrent des satellites, à plus basse altitude et surtout à moindres frais. Ce dirigeable nouvelle génération (140 m de long, 32 m de large et une utilisation entre 18 et 20 km au-dessus de nos têtes) est entré en préproduction du côté de la Croisette et les premiers vols test sont attendus pour 2022.

Pour l’instant, pas de quoi résorber le manque d’activité. Il devrait bien y avoir des départs, mais rien n’est encore acté. On ne sait pas encore quels secteurs ni quel site seront les plus touchés. « Il est prématuré d’externaliser ces informations. Notre priorité à ce stade est d’échanger avec les instances représentatives internes », indique encore la direction cannoise de TAS.

En attendant, l’ambiance est au plus bas parmi les effectifs. « Nous sommes face à une situation de crise très grave, indique Eric Brunet-Manquat, secrétaire du syndicat FO de Thales Alenia space et du Comité central d’entreprise. Les salariés sont inquiets, mais au-delà de ça, également consternés. Depuis deux ans, nous lançons des alertes auprès de tous les ministères sur la baisse de l’activité, sans réponse. » Fin janvier, les effectifs avaient débrayé pendant une heure à l’appel de l’intersyndicale et manifesté.