AGRICULTUREPourquoi une filière houblon se structure en Nouvelle-Aquitaine

Nouvelle-Aquitaine: Pourquoi une filière houblon est en train de se structurer dans la région

AGRICULTUREL’entreprise Hopen-Terre de houblon est en train de lancer un projet de relocalisation du houblon en Lot-et-Garonne, et souhaite se développer sur l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • La France connaît une explosion du nombre de brasseurs artisanaux, à la recherche de houblon local et bio.
  • La jeune entreprise Hopen-Terre de houblon est à l’origine du premier projet de production de houblon bio dans la région, dans le Lot-et-Garonne.
  • Les agriculteurs vont toutefois devoir réaliser des tests pour voir si certaines variétés de cette plante peuvent se plaire dans la région.

Un projet de relocalisation de la production de houblon en Nouvelle-Aquitaine est en train de se mettre en place. La culture de cette plante, qui sert à aromatiser la bière, doit répondre à une forte demande du secteur. Soutenu par le conseil régional, le projet se lancera d'abord dans le Lot-et-Garonne, « département où les producteurs agricoles sont habitués à la diversification avec une forte présence de la polyculture-élevage » explique la région. Une initiative est aussi en train de voir le jour dans les Landes.

Pourquoi essayer de relancer une filière houblon ?

« Il y a aujourd’hui en France une forte demande pour des variétés aromatiques et bio, explique Fanny Madrid, cofondatrice de Hopen-Terre de houblon, à l’origine du projet. Avec l’explosion des bières artisanales, les brasseurs cherchent ce type de houblon, qu’ils sont bien souvent obligés d’importer, car s’il y a du houblon en Alsace et dans les Hauts-de-France, il est en grande partie destiné aux brasseurs industriels. » Il existe aujourd'hui en France près de 1.500 brasseries artisanales à la recherche de houblon local.

Qui est Hopen-Terre de houblon ?

Hopen – Terre de houblon est une jeune entreprise engagée dans la relocalisation du houblon en France. C’est elle qui a réuni plusieurs partenaires, comme la chambre d’agriculture, pour créer cette filière. « Nous sommes à l’initiative du projet en Lot-et-Garonne, poursuit Fanny Madrid. Notre action va du conseil pour la conception de houblonnière, jusqu’à la transformation du houblon pour le vendre aux brasseurs, en prenant une commission sur ce que l’on vend. Nous sommes à l’image d’un négociant en vin. »

Pourquoi avoir choisi le Lot-et-Garonne pour lancer la filière ?

Agrocampus 47 est le site qui héberge la future première parcelle de houblon bio de Nouvelle-Aquitaine, au lycée agricole Etienne Restat à Sainte-Livrade-sur-Lot. « Nous commençons par le Lot-et-Garonne parce qu’il y a ici des agriculteurs très techniques, avec un grand savoir-faire, or le houblon est une plante à forte valeur ajoutée. On est à la limite de la viticulture et de l’arboriculture. Mais nous souhaitons développer cette production dans l’ensemble de la Nouvelle-Aquitaine, notamment en Dordogne où nous avons déjà de la demande, dans les Landes et en Charente », des départements où des projets se mettent aussi en place. D’autres initiatives existent ailleurs en France, comme en Normandie ou en Rhône-Alpes.

Quand devrait démarrer la production ?

« Nous sommes en train de produire notre premier hectare, qui est une parcelle test où nous allons comparer 15 variétés différentes, détaille Fanny Madrid. Nous sélectionnerons celles qui s’adaptent le mieux au terroir et à notre climat. Ensuite, nous espérons convaincre cinq producteurs de se lancer d’ici au printemps 2020. »

Et les producteurs, ils en pensent quoi ?

Gilles Trébaol, qui travaille dans une entreprise de recherche sur les légumes d’industrie, mène un projet de culture de houblon dans les Landes. « Je suis en train de faire un essai avec plusieurs variétés sur une parcelle d’un hectare, explique-t-il. C’est une plante qui pousse le long d’une tige, et qui monte à 6-7 mètres, là, elle est déjà arrivée à un mètre, et j’espère réaliser ma première production en août. Comme c’est une culture méconnue dans la région, on n’a pas de recul, c’est pour cela qu’il faut faire des essais avant de se lancer véritablement. Mais c’est une plante qui aime les sols drainant, ce qui est le cas chez nous, et notre climat semble potentiellement bon, pour certaines variétés en tout cas. »