La start-up Tourisgo se lance dans le covoiturage en... autocar
TRANSPORTS•La société propose au public de remplir les cars qui reviennent à vide au dépôt après avoir déposé des clientsFrédéric Brenon
L'essentiel
- Le concept de Tourisgo est de vendre des places à bord des bus qui seraient rentrés au dépôt sans passager.
- A l'image de Blablacar, la réservation et le paiement s'effectuent en ligne.
- Les tarifs seraient en moyenne 30% moins cher quer ceux des cars Macron.
Un nouveau concept pour se déplacer à pas cher. Face au succès populaire des trajets en cars ou par covoiturage, une start-up française pense avoir trouvé le combo parfait : proposer du covoiturage en autocar. L’idée a germé dans l’esprit d’Adrien Mérand, 33 ans, lorsque celui-ci était conducteur de bus pour touristes.
« Sur la plupart de mes missions, je transportais des groupes à l’aéroport ou sur un lieu de visite, puis je revenais à vide jusqu’au dépôt. Je trouvais qu’il y avait là un véritable gâchis, notamment écologique. C’est pourtant une situation que connaissent tous les transporteurs », explique-t-il.
Des tarifs attractifs
Le jeune homme, basé à Chemillé (Maine-et-Loire), décide donc de lancer la plateforme Tourisgo en septembre dernier. Les autocaristes saisissent leurs trajets directement sur le site Internet et les voyageurs intéressés s’inscrivent. Le paiement s’effectue en ligne. Tarif : un euro de prise en charge, puis quatre centimes du kilomètre.
« C’est un prix fixe, quel que soit le voyage. Ça revient en moyenne 30 % moins cher que les cars Macron », assure Adrien Mérand. Sur le site, on trouve ainsi en ce moment un Tours-Roissy à 9,48 euros, un Lyon-Epinal à 16,44 euros ou un Lourdes-Nantes à 25 euros. « Le premier client a la possibilité de demander une modification d’horaire ou de trajet. Le transporteur validera ou non en fonction de ses contraintes et de la législation. »
Complément de recettes pour les transporteurs
Pour l’heure, 200 autocaristes sont inscrits sur Tourisgo. Ils n’ont « pas été difficiles à convaincre » car leur adhésion est gratuite et permet d’envisager un complément de revenus (0,50 euro à 3 centimes du kilomètre) sur un « trajet qui se faisait quoi qu’il arrive ». « Ramener quelques clients dans un car de 50 places, ça ne change rien, ce n’est que du bonus pour eux », considère Adrien Mérand.
Stéphanie Capeille, gérante de la société Evaz-Jo Roussillon à Perpignan, confirme : « Il y a un peu de saisie à faire, ça prend un peu de temps, mais ça vaut le coup. On a des voyages réguliers vers l’aéroport de Barcelone ou Carcassonne. Le retour se fait toujours à vide. Si on parvient à le rentabiliser, ça soulagerait nos finances. Ça nous permettrait même de baisser nos prix à l’aller. »
Mettre les transports scolaires dans la boucle
Si le démarrage de l’activité est timide (600 personnes transportées en six mois) malgré une récente intégration sur les sites de comparateurs de bus, le créateur de Tourisgo se veut optimiste. « On a un déficit de notoriété mais la saison haute avec les voyages scolaires de fin d’année, les salons, les comités d’entreprise, commence tout juste. Le potentiel de croissance est important. L’objectif est de prendre 1 % de part de marché aux cars Macron, pour envisager une fréquentation de 70.000 voyages par an. »
A moyen terme, Adrien Mérand aimerait développer les trajets de courte distance, entre deux communes voisines par exemple, en s’appuyant sur les transports scolaires : « Ça pourrait être un nouveau service de mobilité pour la population. Ce serait particulièrement pertinent en zone rurale où beaucoup de gens ont recours à la voiture. » Un développement à l’étranger, où le concept ne semble pas exister, est aussi à l’étude dans un second temps.