Un accès «de qualité» à Internet pour tous les Français dès 2020? Un «mirage» pour l’UFC Que-Choisir
CONNEXION•L’association demande à l’exécutif de se retrousser les manchesNicolas Raffin
L'essentiel
- L’UFC Que-Choisir a publié jeudi les résultats de l’Observatoire de la qualité de l’internet.
- Les zones rurales sont encore très nombreuses à ne pas bénéficier d’un bon débit.
- L’association estime qu’il faut vite moderniser les réseaux en cuivre existant.
Le gouvernement va-t-il parvenir à résorber la fracture numérique d’ici 2022 ? L’UFC Que-Choisir en doute fortement, et l’a fait savoir ce jeudi lors de la présentation des résultats de son Observatoire de la qualité de l’internet. Après avoir ausculté les connexions de 1.700 personnes réparties dans 1.400 communes différentes, le diagnostic est clair : les zones rurales sont encore loin de bénéficier d’un internet « de qualité ».
Pour quantifier ces résultats, l’UFC Que-Choisir a repris les seuils définis par le gouvernement. Ainsi, le « haut débit » est atteint à partir de 8 Mbit/s et le « très haut débit » (THD) à partir de 30 Mbit/s. L’État s’est montré très ambitieux dans l’amélioration des connexions : le « plan THD », lancé par François Hollande, prévoyait de déployer le très haut débit sur l’ensemble du territoire d’ici 2022. Après son élection, Emmanuel Macron a rajouté un objectif intermédiaire en annonçant qu’en 2020, n’importe quel citoyen devrait avoir accès au moins au haut débit.
La Meuse et la Lozère mal connectées
L’association de consommateur se montre très pessimiste sur la faisabilité de cette promesse. « L’objectif présidentiel d’un accès de qualité à Internet pour tous d’ici 2020 relève du mirage » écrit-elle dans son étude. « En 2017 [dernières données disponibles], environ 20 % de la population, soit 12,8 millions de consommateurs, n’avait pas accès au haut débit », relève Antoine Autier, responsable adjoint du service des études. Et à l’intérieur de cette catégorie, 6,8 millions de personnes n’avaient même pas accès à un internet de qualité « minimale » (supérieur à 3 Mbit/s). Pour l’association, le déploiement des nouveaux réseaux – câble ou fibre optique – est trop lent.
Les premières victimes de ces mauvaises connexions se trouvent, sans surprise, dans les territoires ruraux. Ainsi, le débit moyen constaté dans les zones de moins de 1.000 habitants est deux à cinq moins élevé que dans les grandes villes (plus de 30.000 habitants). Des départements comme la Meuse, la Guyane, la Lozère, l’Yonne ou encore le Lot-et-Garonne sont largement à la traîne en termes d’accès à un internet « de qualité ».
Une exclusion réelle
Cette inégalité des territoires n’est pas anodine. Dans son rapport annuel publié il y a quelques jours, le Défenseur des droits rappelait que « la persistance de ces zones « blanches et grises » entrav [ait] l’accès aux droits des personnes domiciliées en zone rurale ». « L’exclusion numérique conduit à des situations de non-recours aux droits : face aux difficultés qui tiennent parfois à des problèmes techniques très simples (…) les démarches sont abandonnées » expliquait le rapport.
Pour résorber cette fracture numérique, l’UFC Que-Choisir préconise d’améliorer immédiatement les réseaux en cuivre existant plutôt que d’attendre pendant des années le déploiement de la fibre. « Une impulsion des pouvoirs publics peut permettre une montée rapide en débit sur le réseau cuivre [VDSL2] favorable au plus grand nombre » relève l’association. Le gouvernement va bientôt avoir l’occasion de réagir : Edouard Philippe est attendu ce vendredi dans le Gers pour faire « un point d’étape » sur la couverture numérique des territoires.