«Gilets jaunes» à Nantes: Quel est l'impact des manifestations? Les commerçants font les comptes
COMMERCES•La CCI et l'association des commerçants nantais Plein Centre évoquent un mois de décembre «catastrophique» et des professionnels pessimistesJulie Urbach
L'essentiel
- L'activité commerciale du centre-ville nantais a été plombée par une baisse de 5,6% au mois de décembre 2018.
- Les ouvertures dominicales ont permis de compenser un peu cette chute, mais les commerçants ne sont pas confiants pour le semestre qui s'annonce.
Vitrines brisées, gaz lacrymogènes, mouvements de foule… Alors qu’un acte 15 du mouvement des « gilets jaunes » est annoncé pour ce samedi, voilà l’ambiance qui règne le week-end dans le centre-ville de Nantes (comme dans plusieurs grandes villes de France) depuis la mi-novembre. Au moment où les soldes d’hiver viennent de s’achever, la CCI et l’association de commerçants Plein Centre ont dévoilé, ce mercredi, le bilan annuel du commerce en centre-ville.
Malgré une activité quasi stable (+0,2 %), la réalité est plus contrastée. Et confirme le sentiment des commerçants. « On était partis sur une bonne année, jusqu’au dernier trimestre où la baisse a été de 1,8 %, rapporte Hugues Frioux, vice-président à la CCI. La grosse claque est arrivée au mois de décembre, avec -5,6 %. C’est un chiffre catastrophique, qui casse une activité commerciale qui se développe depuis 2015 ».
Dans le détail, 68 % des commerçants ont témoigné avoir enregistré une baisse de chiffre d’affaires, la plupart entre 10 et 30 %. « Les ouvertures dominicales ont été nos bouées de sauvetage, continue Hugues Frioux. Ça n’a cependant pas suffi pour compenser les pertes. » Selon l’étude réalisée auprès d’un panel de commerçants, 57 % d’entre eux jugent que les ouvertures des deux dimanches avant Noël n’ont pas permis de limiter suffisamment l’impact. Pour autant, plus des trois quarts des commerçants rapportent avoir été plutôt, voire très satisfaits de la fréquentation ces jours-là.
Prochains mois très compliqués
L’optimisme n’est pas de mise lorsque l’on parle du début de l’année 2019. Plus d’un commerçant sur deux craint qu’il n’y ait aucune amélioration au premier semestre. « On avance dans le brouillard, se désole Olivier Dardé, président de Plein Centre. On s’attend à ce que les prochains mois soient très compliqués, avec des manifestations jusqu’en mai ! » D’ici là, et alors que la mairie a promis une enveloppe de 500.000 euros, les « appels à l’aide » de certains commerçants se multiplient. « Une quinzaine de boutiques sont au bord du dépôt de bilan », confie Olivier Dardé.
Pour autant, le président de Plein Centre ne baisse pas les bras. Ce mercredi, il a annoncé qu’il s’opposerait à tout report de la braderie, prévue le 29 mars dans les rues du centre-ville. Un scénario qui a eu lieu à Bordeaux, début février : l’événement a été reporté au mercredi, pour ne pas se dérouler un samedi. « J’ai écrit au préfet pour qu’elle soit maintenue, assure Olivier Dardé. Nous devons reprendre le centre-ville en main pour conserver cet événement festif et convivial. Je ne demande pas d’interdire la manifestation, mais j’estime qu’elle peut se dérouler un peu plus loin. »