VIDEO. Comment Valérie Pécresse met la pression sur Alstom et Bombardier pour obtenir ses RER dans les temps
REPORTAGE•La présidente de la région Ile-de-France était en visite dans les usines d’Alstom et Bombardier qui fourniront les nouvelles rames du RER DMikaël Libert
L'essentiel
- La visite de Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et d’Ile-de-France Mobilités, dans les usines d’Alstom et de Bombardier, intervient quelques jours après le refus d’IDFM de réceptionner des rames pour "un niveau de qualité pas satisfaisant du tout"
De notre envoyé spécial à Crespin (Nord),
La carotte et le bâton. Ce mardi, Valérie Pécresse, présidente de la région Ile-de-France et d’Ile-de-France Mobilités, a fait une descente dans les usines nordistes d’ Alstom et de Bombardier. Sur le papier, il s’agissait de constater l’avancement de la production des rames RER NG qui équiperont la ligne D du RER à partir de 2021. Dans les faits, elle a mis un coup de pression aux industriels pour tenir les délais de livraison, leur faisant miroiter au passage deux futurs appels d’offres.
A Crespin, près de Valenciennes, dans le Nord, Bombardier assemble déjà depuis quelques années les rames de Franciliens qui équipent L’Ile-de-France. Y sont aussi fabriquées les rames de Regio 2N pour cette même région. Pour ce dernier marché, il y a eu un « petit couac » en début d’année. Sur les 42 rames qui devaient être livrées, le client n’en a reçu que 32 avec « un niveau de qualité pas satisfaisant du tout », avait déclaré à 20 Minutes Alain Krakovitch, le patron de SNCF Transilien.
« Ils sont très attendus par les usagers, ils doivent être parfaits »
Le problème est réglé car les trains sont de nouveau livrés normalement depuis vendredi. Mais comme la région Ile-de-France est un (très) gros client, sa présidente a tenu à mettre les points sur les « i » pour l’avenir : « J’ai fait des économies et trouvé dix milliards pour équiper le RER D en rames RER NG. Vos trains sont magnifiques, mais ils sont très attendus par les usagers. Ils doivent être parfaits », a martelé Valérie Pécresse aux patrons d’Alstom et de Bombardier France.
Les premières rames de RER NG doivent entrer en service dès 2021 : « C’est impératif de tenir les délais. Vous êtes les seuls à pouvoir réaliser cette prouesse, c’est pour cette raison que vous avez été choisis », poursuit l’élue à l’intention du consortium Alstom Bombardier.
Pour tenir la cadence, Bombardier a déjà doublé la ligne de production du RER NG en investissant 10 millions d’euros. « Vous pouvez même la tripler, cela coûtera toujours moins cher que les pénalités de retard. Mais je ne vous mets pas la pression », insiste la présidente d’Ile-de-France.
La remise en question des marchés publics
Outre le bâton, Valérie Pécresse brandit aussi une carotte à plusieurs milliards : « Deux nouveaux appels d’offres arrivent, pour le métro et le RER B. Moi, je veux que les trains soient fabriqués en France, mais attention aux délais et à la qualité », a-t-elle répété.
Mais qualité ou pas, délais ou pas, les collectivités publiques ne peuvent déroger aux règles des marchés publics. « Il faut arrêter d’être de gros naïfs. Si l’Asie nous ferme son marché, fermons-leur le nôtre », plaide Xavier Bertrand, président des Hauts-de-France. Lui souhaite privilégier le made in France et pérenniser l’emploi sur le site de Crespin : « Il faut remettre en question les marchés publics, ce n’est qu’une histoire de volonté politique », assure-t-il.