Strasbourg: Clients et bénévoles à la fois, qui sont les adhérents de la coopérative alimentaire Coopalim?
CONSOMMATION•Comme à New York, Paris et dans d’autres villes de France, une coopérative alimentaire, où les clients sont aussi bénévoles, a vu le jour à StrasbourgBruno Poussard
L'essentiel
- Un an après la création d’une association, Coopalim, la première coopérative alimentaire de Strasbourg (Bas-Rhin) a ouvert un local en 2018.
- Dans cette supérette aux produits locaux et à bas coûts montée comme dans d’autres villes, les clients sont également bénévoles trois heures par mois.
- Les adhérents (contre 10 euros par an) de Coopalim ont des profils et des motivations diverses, même s’ils ont quelques idées communes.
Ce matin de fin janvier, Gérard Gangloff est arrivé en premier. Au fond du local de Coopalim dans le quartier de la gare de Strasbourg (Bas-Rhin), le sexagénaire surveille les stocks. Salarié d’un grand groupe français mis en temps libéré, cet habitant du nord de la capitale alsacienne donne gracieusement de 25 à 35 heures de son temps chaque semaine.
Depuis une projection et un débat au cinéma en 2017, Gérard a participé à chaque étape de l’aventure de la première coopérative alimentaire de la ville. Une supérette où les adhérents sont clients et bénévoles, au moins trois heures par mois. « J’allais déjà rarement au supermarché et fréquentais les marchés, sauf pour ce que je ne trouvais pas ailleurs », justifie-t-il.
Des profils d’adhérents variés aux motivations diverses
Malgré un manteau blanc sur Strasbourg, quatre adhérents sont venus ouvrir pour la matinée le commerce réservé à ses 324 membres (chiffre de fin 2018) qui paient dix euros par an. Tandis qu’Amélie et Marion font le tour des rayons de produits en priorité locaux et moins chers, Lucie Weber, elle, branche la caisse. La connexion wifi bugue, mais tous les membres s’entraident.
Etudiante aux arts décoratifs de 22 ans, cette dernière prend part à une vente dès qu’elle peut. Et apporte ses compétences en graphisme dans la commission communication, « où des points de vue très différents se mélangent », analyse-t-elle. C’est que Coopalim - dont le local a ouvert en septembre 2018 un an après la création de l’association - attire largement.
Etudiants, jeunes salariés, gens moins formés, habitants du quartier, travailleurs frontaliers…. Le profil des adhérents de la coopérative implantée sur 82m2 varie. « Parmi les 18 membres du conseil collégial, il y a des fonctionnaires, des demandeurs d’emploi, une traductrice, un architecte, des retraités, des entrepreneurs », décrit Françoise Pèlerin, la déléguée générale.
Mais des idées communes et une expérimentation collective
« Il y a de tout, même s’il y a plus de gens sensibilisés à la malbouffe », sourit Gérard Gangloff. Prix bas, bons produits choisis par leurs soins, ambiance conviviale, contre le financement des actionnaires, leurs motivations varient. Habitante du quartier venue pour la proximité et l’humain, Marion, animatrice de 30 ans, ajoute : « Je n’en pouvais plus d’aller en grande surface. »
« Le rêve serait de couper l’herbe sous le pied à la grande distribution en redevenant maîtres de ce que l’on consomme, et de faire évoluer la société en rencontrant des gens », reprend Amélie, 25 ans. Ex-étudiante en arts en recherche d’emploi, elle a notamment pu échanger avec un banquier : « Parmi nous, il y a de purs écolos mais aussi des gens plus isolés. »
Des bénévoles pour changer les choses, être acteurs
Même si tout n’est pas rôdé, que la coopérative ne propose encore que cinq ventes (dont deux de frais) par semaine, les membres mènent une expérimentation collective. Pour changer les choses, être acteurs. « On s’organise, s’améliore, avance ensemble, entre bénévoles », prolonge Françoise Pèlerin, retraitée de la fonction territoriale encore à temps partiel, à 64 ans.
Mais Coopalim prend beaucoup de temps à celle qui a amené l’idée à Strasbourg. La coopérative grandissant, elle cherche la possibilité d’embaucher un coordonnateur pour gérer caisse ou stocks. En attendant, Gérard continuera de s’occuper des contacts avec les producteurs et grossistes, ainsi que de gérer les commandes avec la commission approvisionnement.
« Mais il y en a pas mal qui y passent deux à trois heures par jour, comme ceux derrière le tableau des tâches, par exemple », coupe-t-il. Comme Coopalim veut aussi s’impliquer dans l’éducation à la nutrition, contre l’isolement, ou pour réduire les déchets, des ateliers sur la consommation ou l’alimentation sont tenus pour ses membres. L’aventure ne fait que commencer.