Airbus dans le collimateur de la justice américaine, l'action en bourse connaît un trou d'air
TURBULENCES•Alors que des procédures sont déjà ouvertes en France et Angleterre, Airbus se retrouve dans le collimateur de la justice américaine pour des irrégularités dans des transactions…H.M. avec AFP
Nouveau coup de tonnerre dans un ciel déjà chargé. Le quotidien Le Monde a dévoilé ce jeudi que l’avionneur européen Airbus faisait l’objet d’une enquête du redoutable département de la Justice américain.
Ce nouveau front judiciaire s’ouvre alors que l’avionneur est déjà visé en France par une procédure du Parquet national financier (PNF) et en Angleterre par des investigations du Serious fraud office (SFO, l’agence anticorruption).
Dans ces trois pays, l’enquête porte sur des transactions effectuées entre 2009 et 2013 par une entité interne, nommée Strategy and Marketing Organization et aujourd’hui dissoute, qui gérait le réseau des intermédiaires intervenant dans les ventes d’avions particulièrement complexes. Airbus, qui a officiellement découvert le problème en 2013, parle d' « inexactitudes dans les déclarations ».
Au moins une énorme amende en perspective
En 2016, le constructeur a décidé de se dénoncer dans le but d’éviter d’éventuelles poursuites pénales. Le motoriste britannique Rolls-Royce avait utilisé la même stratégie pour solder une affaire de corruption avec les autorités britanniques, brésiliennes et américaines.
Cette tactique, quand elle fonctionne, n’évite toutefois pas de payer une énorme amende. D’ailleurs, dans un courrier adressé en 2017 à ses salariés, Tom Enders, le patron allemand d’Airbus Group évoquait « un risque d’importantes pénalités pour l’entreprise ».
Changement de têtes
Jeudi, Airbus a réagi aux révélations du Monde en indiquant qu’il coopérait avec la justice américaine « en étroite coordination » avec le PNF et le SFO.
Ce nouveau rebondissement arrive à un moment où l’avionneur renouvelle à grande échelle ses cadres dirigeants. Tom Enders lui-même doit quitter le groupe au printemps 2019, remplacé par le Français Guillaume Faury, actuel patron des activités civiles d’Airbus.
La révélation de l’enquête américaine a entraîné ce jeudi une chute de l’action Airbus en bourse. A 16h30, elle était en retrait de 4,3 %.