Strasbourg: Face au bas niveau du Rhin, le transport fluvial forcé de s'adapter depuis cet été
SECHERESSE•Conséquence des faibles pluies depuis cet été, le Rhin connaît un phénomène de «basses eaux»…Bruno Poussard
L'essentiel
- Depuis cet été, le Rhin a un bas niveau, surtout visible au nord de l’Alsace et en Allemagne.
- En conséquence, tout le transport fluvial depuis et en direction des grands ports d’Anvers ou Rotterdam est touché et doit s’adapter.
- Pour le transport de pétrole, conteneurs ou céréales, de nombreux acteurs économiques doivent passer par le train ou les camions.
A Strasbourg, le phénomène est peu visible. Ni sur le pont Beatus-Rhenanus en allant vers Kehl, ni dans le port de la ville. Pourtant, le Rhin n’est pas en grande forme. Si le fleuve est aménagé (et canalisé) depuis la Suisse jusqu’à l’écluse d’Iffezheim, au niveau de Roppenheim dans le nord de l’Alsace, son niveau est très bas en Allemagne, plus au nord encore.
A Cologne ou non loin de Francfort, il passe certaines limites depuis plusieurs semaines. Appelée « basses eaux », la situation n’est pas totalement inhabituelle. Et surtout pas à l’approche de l’hiver, quand la neige remplace la pluie et n’alimente plus autant le Rhin dans les Alpes suisses où il prend sa source. Mais sa précocité, sa durée et son intensité, si.
Le grand transport fluvial vers Rotterdam ou Anvers impacté
« D’habitude, les basses eaux commencent à notre période, cette année, c’était en juillet, décrit Frédéric Doisy, directeur général délégué du Port autonome de Strasbourg. On n’a pas eu d’événement pluvieux suffisant depuis pour faire remonter le niveau du Rhin. » Le débit moyen, ici, est de 1.000 mètres cubes par seconde. En ce moment, il est entre 450 et 500 m3/sec.
Le transport fluvial est impacté par la sécheresse. Si la hauteur d’eau permet aux bateaux de circuler entre Bâle (en Suisse) et Strasbourg (Bas-Rhin) grâce aux aménagements, l’ensemble des lignes de commerce vers Rotterdam (Pays-Bas) ou Anvers (Belgique) sont en fait touchées. Et avec elles tous les ports rhénans - et donc alsaciens - dont celui de Strasbourg.
Certains bateaux à l’arrêt, d’autres aux cargaisons réduites
« En ce moment, certaines compagnies n’affrètent plus de bateaux, complète Frédéric Doisy. Et des navires arrivent avec peu ou pas de conteneurs. » Selon lui, il faudrait au moins que le débit remonte à 600 m3/sec pour une circulation correcte sur le fleuve. En attendant, plusieurs entreprises s’adaptent en diminuant la charge des cargaisons de leurs péniches.
Implanté au port du Rhin, le collecteur de céréales Soufflet en fait partie : « Pour nos livraisons de malt, nous chargeons à 400 tonnes en moyenne au lieu de 1.000 ou 1.100 tonnes. » Au total en 2018, six millions de tonnes transiteront par l’ensemble du port autonome de Strasbourg contre huit habituellement. En octobre, le trafic fluvial a ainsi baissé de 70 %.
aLe transport de pétrole, de céréales ou de conteneurs touché
Diverses activités sont touchées. Comme le stockage d’hydrocarbures au port aux pétroles. Avec les pipelines comme renfort possible pour elle. Le train, dans la mesure du possible, pour d’autres. « Tous ceux prévus à Strasbourg sont à plein », illustre Frédéric Doisy. Mais il n’y en a pas assez pour tout compenser. Alors le transport routier se charge du reste.
Forcé de modifier son « organisation logistique », le groupe Soufflet a des « surcoûts ». Au port, l’activité de manutention et les droits de port sont à la baisse. Les croisières sont touchées, mais elles sont moindres en hiver. Et le niveau du Rhin, quand remontera-t-il vraiment ? Dans des semaines ? A la sortie de l’hiver ? Dur de savoir. Frédéric Doisy conclut en tout cas : « Le Rhin est très réactif à la pluviométrie. »