Nord: le gouvernement veut une évaluation indépendante du site d'Ascoval
CRISE•Le site de l'aciérie de Saint-Saulve, dans le Nord, est en redressement judiciaire depuis février...20 Minutes avec AFP
L’Etat intervient dans le dossier Ascoval. Le gouvernement va demander à un cabinet indépendant d’évaluer le site de l'aciérie d'Ascoval de Saint-Saulve (Nord), en redressement judiciaire. Le but est de déterminer la crédibilité de la principale offre de reprise présentée à ce jour, a déclaré ce jeudi Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’Etat à l’Economie.
« On a (…) besoin déjà de mettre un petit peu de rationalité et d’aller au fond du dossier : ce qu’on va faire c’est demander à Roland Berger de rebalayer tout le dossier », a déclaré, sur France Info, Agnès Pannier-Runacher, rappelant qu’il s’agissait d'« un cabinet d’expertise industrielle. »
L'aciérie de Saint-Saulve, qui compte 281 employés, est menacée de disparition depuis la liquidation judiciaire en février de son principal actionnaire, Ascq Industries, et s’est vu accorder cette semaine un sursis de deux semaines par la justice.
La colère des syndicats et des élus locaux
Le groupe Altifort, basé dans la Somme, a fait une « offre ferme » de reprise, s’engageant à maintenir l’ensemble des emplois et à en créer de nouveaux, mais il demande au sidérurgiste français Vallourec, principal client désormais premier actionnaire, de maintenir pendant un an et demi son niveau actuel de commandes.
Or, Vallourec, dont l’Etat est actionnaire à 17 %, a refusé en début de semaine cette demande qu’il juge « contraire à la préservation (de ses) intérêts », suscitant la colère des syndicats et des élus locaux.
« On va prendre point par point ce dossier de reprise, (…) voir si Altifort peut aller jusqu’au bout du projet. » « Altifort aujourd’hui met 10 millions d’euros sur la table, demande 150 millions de financements pour l’ensemble du projet : c’est (…) ambitieux », a prévenu Agnès Pannier-Runacher.
La secrétaire d’Etat a réitéré son appel à être « responsable », formulé dans l’après-midi devant le Sénat et a déclaré, dans la lignée de son ministre de tutelle Bruno Le Maire, que tout soutien de l’Etat ne se ferait qu’à condition de recueillir des financements équivalents de la part d’acteurs privés.
Une initiative « trop tardive »
« Il ne suffit pas de signer un chèque d’argent public pour qu’une usine fonctionne », a-t-elle déclaré. « Derrière, il faut que l’aciérie ce soit un projet qui soit vivant, qui gagne. »
Selon une source proche du dossier, cette décision vise à donner au gouvernement un autre point de vue que les études présentées par les syndicats, dressant le portrait d’un site en bonne santé et crédibilisant donc le projet d’Altifort.
De leur côté, les syndicats ont jugé l’initiative du gouvernement bien trop tardive « à quelques jours de la mort d’un site », selon les mots de Bruno Kopczynski, porte-parole de l’intersyndicale, pour qui « le gouvernement réagit dans la panique ».