Le budget 2019 ne profitera-t-il qu’aux plus riches?
EVALUATION•Alors que l’examen du projet de loi de finances (PLF) 2019 démarre ce lundi en séance plénière à l'Assemblée nationale, l'opposition est déjà prête à attaquer les mesures prévues…Nicolas Raffin
L'essentiel
- L’Assemblée examine à partir de ce lundi le PLF 2019.
- Le gouvernement assure que le nouveau budget sera favorable aux classes moyennes et populaires.
- La dernière évaluation du budget par l’institut des politiques publiques (IPP) montre que les hauts revenus seront les grands gagnants.
Le week-end n’a pas dû être de tout repos du côté de Bercy. Les deux ministres, Bruno Le Maire (Economie) et Gérald Darmanin (Comptes publics) ont préparé leur marathon qui démarre ce lundi à l’Assemblée nationale avec l’examen du projet de loi de finances (PLF) 2019 en séance plénière.
Le gouvernement va également devoir parer la polémique sur la taxe d’habitation. Alors qu’il avait annoncé une baisse de 30 % pour « 80 % des ménages » dès cette année, certains foyers ont vu leur impôt grimper. Plusieurs communes ou intercommunalités ont en effet décidé d’augmenter le taux de la taxe d’habitation, effaçant ainsi la baisse promise par l’exécutif. De quoi énerver plusieurs soutiens de la majorité qui ont créé le hashtag #BalanceTonMaire, ce qui a provoqué en retour l’agacement de l’association des maires de France.
Une question de point de vue
Présenté par Gérald Darmanin comme un budget des baisses d’impôts, le texte devrait donc être âprement combattu par l’opposition. La France insoumise a déjà dénoncé ce « budget des riches, saison 2 ». Pour Jean-Christophe Lagarde, chef de file de l’UDI, « les classes moyennes ne verront pas leur situation changer ». Tout l’inverse de Gérald Darmanin, qui assure être « le gouvernement des classes populaires et moyennes ».
Qui a raison ? Un peu tout le monde, suivant les chiffres que chaque camp choisit de mettre en avant. La dernière évaluation du budget 2019, réalisée par l’institut des politiques publiques (IPP), permet de s’en rendre compte. Si l’on prend la catégorie des actifs (voir ci-dessous), on voit que les « classes moyennes » (entre les 20 % les plus pauvres et les 20 % les plus riches) devraient voir leur revenu disponible augmenter l’année prochaine, ce qui valide partiellement l’analyse du gouvernement.
Le « pari » du gouvernement
En revanche, les retraités sont globalement perdants de ce budget (voir ci-dessous)… tout comme l’ensemble des ménages les plus modestes. Cela est dû, souligne l’IPP, à la « sous-revalorisation des prestations sociales » et à la « réforme des allocations logement » qui ne sont pas compensées par les diverses revalorisations (AAH, prime d’activité).
Surtout, l’IPP note, comme l’OFCE l’avait fait l’année dernière, que les 1 % les plus aisés vont voir leur pouvoir d’achat augmenter fortement en 2019. « C’est surtout la suppression de l’impôt de solidarité sur la fortune (ISF) qui explique ce gain », souligne Claire Leroy, économiste à l’IPP. De quoi donner des arguments à ceux qui dépeignent Emmanuel Macron en « président des ultra-riches ».
Pour sa défense, l’exécutif a rappelé que l’allégement de la fiscalité sur les hauts revenus visait à « libérer du capital » pour alimenter l’investissement des entreprises françaises, et notamment celui des PME. Ce « pari » lancé par Bruno Le Maire l’année dernière est encore difficile à évaluer. « On ne peut pas en observer les effets pour l’instant, c’est une réforme assez récente », reconnaît Claire Leroy. Le débat à l’Assemblée nationale promet d’être animé : plus de 2.000 amendements ont été déposés, deux fois plus qu’en 2018.