VIDEO. Pont effondré à Gênes: Quel impact pour les professionnels du tourisme dans le Sud-Est de la France?
ECONOMIE•A Marseille et dans le Sud-Est de la France, les autocaristes s’inquiètent après la catastrophe du 14 août…Jean Saint-Marc
L'essentiel
- L’effondrement du pont à Gênes a forcé les compagnies de bus à de nombreux ajustements.
- L’arrêt de Flixbus à Gênes a par exemple été déplacé.
- A l’approche de la rentrée scolaire, les trajets pourraient être encore plus compliqués.
Au comptoir des lignes internationales de la gare routière de Marseille, Rafik se gratte la tête. « Aller à Rome en passant par Gênes, c’est pas possible ? » « Si, mais avec l’effondrement du pont, vous allez perdre beaucoup de temps dans les correspondances ! » Conversation souvent entendue, ces derniers jours : les lignes de bus internationales sont perturbées par l'effondrement du pont Morandi. « C’est d’ailleurs terrible, note l’employée d’une compagnie de bus. On pense plus à nos touristes qu’à ces pauvres gens qui ont été victimes de la catastrophe. »
Dès le jour du drame, le 14 août dernier, les compagnies ont dû effectuer des ajustements d’urgence. Flixbus, par exemple, possède une dizaine de lignes qui empruntaient le pont. « Nous avons trouvé un arrêt alternatif, qui se situe à 30 minutes, environ, de l’arrêt habituel, relate le porte-parole de la compagnie Raphaël Daniel. Et dès le 14, nous avons bloqué les correspondances à Gênes et informé les clients. »
« Casse-tête chinois »
La plupart d’entre eux étaient au courant du drame et ont décidé eux-mêmes de modifier leurs trajets. Pas Rachid, qui vit entre Marseille et Nice, et fait tous ses déplacements en « bus Macron ». Il a appris qu’un pont s’était effondré en Italie en en discutant avec un chauffeur Flixbus… de l’état des toilettes de son autocar : « Franchement, elles étaient dégueulasses, il a dû s’arrêter sur une aire pour essayer de nettoyer un peu… » Le chauffeur lui a alors expliqué qu’il avait dû enchaîner plus vite que d’habitude ses deux shifts.
« Ça vire parfois au casse-tête chinois, reprend Raphaël Daniel, car le contournement de Gênes mis en place par les autorités augmente le temps de trajet de nos chauffeurs. Ce qui veut dire que pour la sécurité, on doit mettre des doubles équipages, ce que les prestataires n’avaient pas forcément prévu. »
Parmi les sous-traitants de Flixbus, la société marseillaise Azur Evasion, qui gère une des liaisons quotidiennes entre Gênes et Barcelone. Terence Vidal, son chef d’exploitation et directeur commercial, s’inquiète :
« Plus la rentrée scolaire approche, plus ça va être compliqué. Pour l’instant, il faut compter environ une heure de plus de trajet. Donc on doit dérouter énormément de cars ! » »
Les touristes s’inquiètent, et, pour beaucoup, renoncent à leur voyage : la plateforme SoBus, qui permet de comparer et de réserver des billets de bus, déclare à 20 Minutes avoir « constaté une baisse de 60 % de [ses] ventes sur le territoire Italien depuis l’accident ». SoBus reçoit « trois fois plus de messages » sur son chat et son adresse mail depuis le drame. « Les gens posent beaucoup de questions, mais on les rassure : il y a beaucoup de routes en Italie, et tous les ponts ne vont pas s’effondrer », lâche-t-on chez le voyagiste Les Phocéens Voyages, basé à Nice.
« De toute façon, c’est le destin ! Donc on part ! »
Mireille, par exemple, avait planifié un séjour à Gênes pour septembre : « Notre voyage n’est pas annulé. Nous sommes déjà passés plusieurs fois sur le pont… De toute façon, c’est le destin ! Donc on part ! »
La catastrophe aura peut-être un impact pour la saison prochaine, avance l’expert Didier Arino, directeur général du cabinet Protourisme : « La fréquentation était plutôt bonne en Italie. En juin on avait une progression de 6 % des départs de Français vers l’Italie. La destination avait le vent en poupe mais cette catastrophe, comme l’arrivée au pouvoir de Matteo Salvini… Ce ne sont pas de très bonnes nouvelles pour l’image de l’Italie à l’international ! »