A quatre mois du lancement, Bercy est-il prêt pour le prélèvement à la source?
COUACS•A partir du 1er janvier prochain, les impôts seront prélevés directement sur les salaires des contribuables français…20 Minutes avec AFP
Dans quatre mois, les impôts des contribuables seront prélevés directement sur leur salaire. Si tout est officiellement prêt pour un passage au prélèvement à la source, Bercy multiplie les corrections et les ajustements dans la dernière ligne droite.
Pour une majorité de Français, c’est le dernier avis d’imposition de l’été dans leur boîte aux lettres. C’est l’ultime étape avant l’instauration de l’impôt à la source, prévue au 1er janvier. Si le gouvernement multiplie les messages d'apaisement, garantissant que tout est prêt pour le jour J, une partie des contribuables reste inquiète. Selon le ministère, 40.000 agents du fisc ont bénéficié ces derniers mois d’une formation pour épauler les contribuables. Quand aux logiciels de paie, qui serviront à effectuer la collecte de l’impôt, ils sont officiellement prêts, selon leurs éditeurs.
Un manque d’anticipation
Est-ce à dire que tout est sous contrôle ? Ces dernières semaines, plusieurs ajustements ont été décidés, qui tendent à montrer que les conséquences de ce « big bang fiscal » n’avaient pas été totalement anticipées. Début juillet, le gouvernement a ainsi annoncé un report à 2020 du prélèvement à la source pour les employés de particuliers-employeurs, en raison du retard pris dans la mise en œuvre de la plate-forme informatique dédiée aux déclarations de salaires.
Mi-août, l’exécutif a de nouveau revu sa copie en annonçant un mécanisme permettant aux entreprises de moins de 20 salariés de se décharger de la collecte de l’impôt, via le dispositif Titre emploi service entreprise (Tese), utilisé pour les cotisations Urssaf.
Un risque politique
Et de nouvelles surprises pourraient intervenir, Gérald Darmanin ayant ouvert la voie à une exonération pure et simple de l’impôt pour les employés de particuliers-employeurs en 2019, face au risque de pagaille générée par la dernière mouture du dispositif. « Plus on avance, plus on se rend compte que c’est compliqué. On essaie de mettre des « patchs » un peu partout, mais ça ne va pas suffire », soupire Alexandre Derigny, de la CGT Finances publiques, opposé depuis l’origine à la réforme.
Au-delà des risques techniques, c’est l’impact psychologique de la réforme qui provoque des sueurs froides, notamment au sein de la majorité, où l’on redoute une vague de mécontentement lorsque les Français verront leur salaire net baisser.
Des craintes écartées par le gouvernement, qui rappelle que les Français ont actuellement tendance à « sur-épargner en prévision des impôts futurs », ce qui nuit à la consommation. « Si choc psychologique il y a, il sera positif », a promis Gérald Darmanin.