AUTOMOBILELe site Smart en Moselle va créer la première Mercedes 100 % made in France

Moselle: La première Mercedes 100% «made in France» va faire passer le site Smart au tout électrique

AUTOMOBILELe site Smart situé à Hambach (Moselle) devrait produire la première voiture Mercedes fabriquée entièrement en France. Une voiture électrique…
Gilles Varela

Gilles Varela

L'essentiel

  • Mercedes a annoncé sa première voiture « made in France », un compact électrique, qui sera produit à Hambach (Moselle) sur le site de l’entreprise Smart.
  • Le constructeur allemand Mercedes-Benz va investir 500 millions d’euros sur le site mosellan.

L’offensive électrique allemande passe par la Lorraine. Avec l’annonce d’une Mercedes « made in France » et électrique, le site Smart de Hambach ( Moselle) pourrait bien changer ses perspectives de développement. L’annonce d’un investissement de 500 millions d’euros du groupe allemand Daimler (qui réuni la marque Mercedes Benz et Smart), va permettre à l’entreprise de passer dans l’aire du tout électrique.

Le site ne va plus en effet produire de voitures à moteur thermique à partir de l’année 2020 et deviendra ainsi la première marque automobile dans le monde à passer d’une motorisation thermique à une motorisation 100 % électrique. Les investissements « seront consacrés au produit et à de nouveaux bâtiments pour le ferrage et la peinture, mais aussi à l’extension du montage final et l’adaptation des infrastructures du site », assure la direction dans un communiqué.

Pour justifier le choix de l’entreprise située en France, la directrice Annette Winckler responsable Smart monde explique vouloir « utiliser la longue expérience de l’usine de Hambach en matière de production électrique et la préparer à fabriquer un véhicule électrique Mercedes-Benz ». Il est vrai qu’en ce domaine, l’entreprise mosellane de 800 salariés bénéficie d’une longue expérience. Elle produit depuis 2012 des véhicules électriques en série. Actuellement, la Smart fortwo EQ coupé et la Smart fortwo EQ cabrio sortent de ses chaînes de production et la marque est leader du marché des ventes de véhicules électriques en Allemagne au premier trimestre de cette année.

« Pas la peine d’augmenter le temps de travail pour produire moins »

Le choix du site de Hambach est aussi l’occasion pour la directrice de rappeler la signature en 2016 du « pacte 2020 », qui aurait « contribué à une amélioration sensible de la compétitivité du site. » Un pacte, âprement « à l’époque » entre syndicats et direction. Un pacte qui prévoyait notamment, en échange de la préservation de l’emploi jusqu’en 2020, l’augmentation du temps de travail hebdomadaire de 35 à 39 heures, et une adaptation salariale.

Un avis que ne partage pas vraiment Patrick Hoszkowicz, délégué syndical central CFDT de Smart France : « C’est une bonne nouvelle pour l’entreprise mais ce n’est pas sûr que cela crée de l’emploi. Cela permettra juste de compenser l’arrêt de production de voitures thermiques. Le «pacte 2020» a fait perdre de l’argent à l’entreprise car il n’y a pas eu l’augmentation de volume espérée. Le coût de production des véhicules a finalement augmenté. Ce n’était pas la peine d’augmenter le temps de travail pour produire moins. »

Illustration. Hambach (Moselle) le 10 09 2015. Devant l'usine Smart.
Illustration. Hambach (Moselle) le 10 09 2015. Devant l'usine Smart. - G. Varela / 20 Minutes

Quel avenir pour les sous-traitants ?

Emplois toujours, la CGT espère bien des créations de postes, mais regrette d’être dans le flou. « Pour l’instant, rien n’est vraiment précisé. Il n’y a pas eu d’information et nous n’avons pas de garanties concernant l’emploi, et ce ne sont pas les ordonnances Macron qui rassurent », explique Jean-Luc Bielitz, délégué syndical CGT. Plus encore, le syndicaliste s’inquiète pour les nombreux sous-traitants du site.

« Dans les 80.000 voitures sortent chaque année. Seules 20.000 à 25.000 d’entre elles sont électriques… Avec des habillages plastiques. Et il va bien falloir compenser l’arrêt du thermique. Or, la Mercedes, c’est de la tôle. Ce n’est pas le même outillage, les mêmes moules, presses. Certains sous-traitants ne vont pas pouvoir suivre, s’équiper à nouveau », s’inquiète le syndicaliste.

Contactée, l’entreprise de Hambach ne s’épanche pas sur la question de l’emploi, ni même dans les détails du projet. « Il est trop tôt encore », même s’il est dit que cela devrait permettre le maintien de l’emploi. Il faudra encore un peu patienter et attendre probablement, à l’horizon 2020, pour voir ces premiers véhicules sortir des lignes mosellanes.