Pourquoi le ralentissement économique est plus marqué que prévu en France
INDICATEURS•Mais comment expliquer ce coup de mou de l'économie française?...20 Minutes avec AFP
Des nuages se profilent à l'horizon dans le ciel de l'économie française. La croissance du premier trimestre a été révisée mercredi à la baisse, soulevant quelques inquiétudes.
La hausse du produit intérieur brut (PIB) s'est établie à 0,2% sur les trois premiers mois de l'année, soit 0,1 point de moins que ce qui avait été préalablement annoncé, selon une deuxième estimation publiée mercredi par l'Institut national de la statistique (Insee). La cause en est un ralentissement plus net que prévu de l'investissement des entreprises et de la consommation des ménages, selon l'Insee.
L'activité économique a ainsi marqué un coup d'arrêt par rapport à la croissance du quatrième trimestre 2017 (0,7%) et des trimestres précédents, révisés à la hausse par l'institut statistique (0,8% pour le premier trimestre et 0,7% pour les deuxième et troisième trimestres).
Consommation des ménages atone
«Le fait qu'il y ait une révision à la baisse n'a en soi rien de dramatique, c'est assez habituel au premier trimestre», observe Alexandre Vincent, économiste à l'institut Coe-Rexecode. «On avait encaissé la nouvelle que le premier trimestre n'était pas très bon dès la première estimation: le ralentissement se profilait, il est maintenant engagé», souligne-t-il néanmoins.
Les investissements des entreprises ont chuté à +0,1% après +1,2% au dernier trimestre 2017. «Il y a eu un ajustement au premier trimestre après une fin 2017 pas soutenable en termes d'évolution», estime Philippe Waechter, économiste chez Natixis AM, les entreprises «reprennent leur souffle».
La consommation est restée «atone» (+0,1% de janvier à mars après +0,2% au trimestre précédent). Ce coup de mou ne remet toutefois pas en cause à ce stade l'«acquis de croissance» pour 2018 -- le niveau que le PIB atteindrait si l'activité stagnait d'ici à la fin de l'année.
La croissance devrait continuer à patiner
Selon l'Insee, il se maintient à 1,2% en raison de la dynamique héritée de 2017, marqué par une croissance soutenue de 2,2% --le plus haut niveau en France depuis 10 ans. Reste que ces statistiques envoient un signal inquiétant, d'autant que la tendance qui se dégage pour le deuxième trimestre n'est guère encourageante: selon la Banque de France, la croissance devrait continuer à patiner au printemps, sur un rythme de 0,3%.
Le climat des affaires, calculé à partir des réponses des chefs d'entreprises, s'est replié de deux points en mai pour le cinquième mois consécutif. Et les dépenses de consommation des ménages en biens ont diminué de 1,5% en avril, d'après l'Insee.
«Ces évolutions indiquent que la croissance française devrait rapidement redescendre vers 1,5%», a tweeté l'économiste Marc Touati, enseignant à Sciences Po à Paris, jugeant la croissance «en danger».