VIDEO. Le «printemps social» va-t-il germer en France?

VIDEO. Grèves et appel à la manifestation: Le «printemps social» va-t-il germer en France?

SOCIALLe gouvernement fait face à une contestation d'envergure...
Nicolas Raffin

Nicolas Raffin

L'essentiel

  • Ce jeudi marque une journée de mobilisation pour les fonctionnaires et les cheminots.
  • D’autres entreprises (Air France, Carrefour), connaissent aussi des mouvements sociaux.
  • Le gouvernement entend « tenir » et met en avant sa légitimité à mener les réformes annoncées.

Agents de la SNCF, fonctionnaires, personnels des Ehpad, pilotes d’avion, avocats… ils se mobilisent quasiment en même temps, mais pour des causes différentes. Ce jeudi, au lendemain d'une journée «justice morte», la manifestation nationale des cheminots à Paris partira ainsi de la gare de l’Est puis rejoindra place de la Bastille le cortège des fonctionnaires partis, eux, de Bercy. Vendredi, ce sera au tour des salariés d’Air France de se mobiliser, pour réclamer des hausses de salaire.

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A ces protestations viennent s’ajouter les mouvements sociaux en cours à Carrefour et à Pimkie, pour s’opposer à des suppressions de poste. Sans oublier les seniors, qui s’alarment de la hausse de la CSG, à tel point que l’exécutif va faire un geste pour 100.000 couples de retraités. « C’est un vrai printemps social qui s’annonce. Il faudra voir combien de temps il va durer », observe Eric Ferrères, expert en relations sociales et chargé d’études chez Entreprise et Personnel.

« Chacun défend ses intérêts »

La fameuse « convergence des luttes », espérée par plusieurs syndicats, serait-elle sur le point de se concrétiser ? Le gouvernement n’y pense pas : « Certains souhaitent faire coaguler tous ces mécontentements. Si nous prenons le temps d’expliquer nos objectifs, cela ne prendra pas » veut croire la ministre de la Santé Agnés Buzyn, interviewée dimanche par le Journal du Dimanche. A l’automne 2017, la mobilisation contre les ordonnances Travail s'était vite essouflée. L’exécutif espère que le même scénario se reproduira.

Dominique Andolfatto, professeur de science politique à l’université de Bourgogne Franche-Comté, estime également que la convergence est loin d’être acquise : « On est sur un mouvement social en peau de léopard, juge-t-il. Chacun défend ses intérêts, qui sont assez différents : les salaires chez Air France, le statut de cheminot à la SNCF, les moyens financiers pour les Ehpad ».

La bataille de l’opinion

Pour Eric Ferrères, passé par la CGT Cheminots, les revendications sectorielles ne sont pas forcément un obstacle à une amplification des mouvements sociaux : « Les syndicats peuvent s’appuyer sur ces préoccupations pour faire prendre conscience à l’opinion que tout le monde est concerné, et ainsi aller vers une convergence, observe-t-il. Par exemple, les retraités, via la hausse de la CSG, et les salariés, via des hausses de salaires jugées trop modestes en période de reprise, peuvent se retrouver sur le thème du pouvoir d’achat ».

L’exécutif, conscient de l’enjeu, joue la carte de la légitimité. « La politique de transformation du pays menée dans tous les secteurs correspond au vœu profond des Français. Et [ils] ont confié ce mandat à Emmanuel Macron » a affirmé mercredi le porte-parole de l’Elysée, Bruno Roger-Petit. « Les syndicats ont compris qu’ils n’avaient pas le soutien de l’opinion et que pour eux le seul moyen c’était de faire peser la responsabilité de la grève sur le gouvernement », analyse un conseiller gouvernemental interrogé par l’AFP.

En réalité, les sondages témoignent d’une opinion loin d’être unanime sur le sujet. Une enquête menée le 17 mars par Elabe montrait ainsi que si 43 % des Français étaient « opposés ou hostiles » à la mobilisation syndicale des cheminots, 34 % l’approuvaient (22 % se disaient « indifférents »). Dans un autre sondage, réalisé par Ifop, 42 % des Français jugeaient le mouvement des cheminots « justifié ».