C’est un bras de fer qui s’amorce. Les syndicats de cheminots doivent décider ce jeudi soir s’ils lancent une grève dure contre la réforme de la SNCF que l’exécutif entend mener tambour battant par ordonnances.

Les dirigeants de la SNCF remettront, vers 10 heures au ministère du Travail leur programme pour concocter le « projet stratégique » qu’ils doivent présenter avant l’été. Parmi les mots-clés cités par le président du directoire de la SNCF Guillaume Pepy : « efficacité industrielle », « compétences élargies dans les métiers » ou « nouvelle organisation ».

Un mouvement reconductible « inflexible »

De quoi énerver davantage des syndicats déjà passablement échaudés par la présentation, mercredi, du projet de loi permettant le recours à des ordonnances pour accélérer la réforme du secteur ferroviaire. Le texte prévoit notamment « l’arrêt des recrutements au statut [de cheminot] des nouveaux agents », ce qui est considéré par les syndicats comme un casus belli. « On va vers un bras de fer, c’est clair », a prévenu Roger Dillenseger, secrétaire général de l’Unsa, deuxième syndicat de la SNCF.

SUD-Rail souhaite « une grève reconductible et dure face à un gouvernement dur et inflexible ». Le projet de loi « montre bien qu’on n’est pas dans une concertation, mais dans une explication de texte. Le gouvernement veut passer en force, sans écouter les organisations syndicales », a dénoncé son porte-parole Erik Meyer.

Reconductible par période de 24 heures

La CGT Cheminots​, le premier syndicat de l’entreprise, avait indiqué mardi soir, à la sortie d’une rencontre avec le Premier ministre Édouard Philippe, que l’intersyndicale pourrait décider « une grève reconductible par période de 24 heures ou sous une autre forme ». Lors de la réunion intersyndicale prévue jeudi soir, SUD-Rail proposera « de déposer le plus rapidement possible un préavis de grève unitaire et reconductible » aux trois autres syndicats représentatifs du groupe. Jeudi soir, « l’objectif est clairement pour nous de sortir avec une date » de démarrage d’une grève, a indiqué Erik Meyer.

« On va certainement définir un calendrier d’appel à la grève », a renchéri Didier Aubert, secrétaire général de la CFDT Cheminots. Les syndicats ont déjà au programme une manifestation nationale des cheminots, le 22 mars à Paris, à l’initiative de la CGT, rejointe ensuite par les trois autres syndicats représentatifs et par FO (cinquième syndicat). SUD-Rail a déjà déposé seul un préavis de grève pour « permettre aux cheminots de participer » à cette manifestation. De même, la CGT prévoit aussi des préavis de grève locaux.