L'essentiel
- La ville de Marseille a voté l’extension de la zone touristique, qui permet l’ouverture des commerces le dimanche, sans consulter les commerçants du centre-ville.
- Le plan ambition centre-ville a pourtant été lancé en décembre dernier pour redynamiser le centre.
- Les commerçants demandent au préfet de surseoir à cette décision pendant quelques mois, le temps de faire mettre en place les actions promises par la mairie dans le centre-ville.
- Alors que la mairie pensait être soutenue par la CCI, celle-ci envisage d’autres options que l’extension
Centre-ville, centre-ville et centre-ville. Depuis l’annonce en décembre dernier du plan ambition centre-ville voulu par la mairie de Marseille pour redynamiser son centre, celui-ci est sur toutes les lèvres. Renforcé à grands coups de plan de communication sur le thème de l’amour, il pourrait bien accoucher d’un divorce : celui de la municipalité et des commerçants du centre-ville.
À l’origine de ce désamour, la décision votée lors du dernier conseil municipal du 12 janvier d’étendre la zone touristique jusqu’à la Pointe Rouge et au rond-point du Prado, où le futur centre commercial doit ouvrir à la fin mars. Une zone touristique synonyme d’ouvertures possibles les dimanches.
« Une aberration »
Cette décision a, fait rare, poussé les organisations patronales ET salariales à vivement réagir lors d’une conférence de presse commune ce mardi matin. « Décider d’une extension avant d’avoir redynamisé le centre-ville, notamment le week-end, c’est de l’ordre de l’aberration », a vivement critiqué Johan Bencivenga, président de l’union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE 13).
Et ils ont de quoi être amers, comme l’a rappelé Alain Comba, secrétaire FO dans les Bouches-du-Rhône : « Nous n’étions pas favorables pour l’ouverture les dimanches mais puisque c’est dans l’air du temps, nous avons accepté de signer une convention en juillet dernier, pour développer l’emploi, qui délimitait la zone touristique au centre-ville actuel. »
De son côté la mairie s’engageait à mettre en œuvre des actions pour dynamiser le centre-ville, comme l’explique Alain Gargani, de la confédération des petite et moyennes entreprises dans les Bouches-du-Rhône (CPME13) :
« « Ils devaient trouver une solution pour que les parkings soient moins chers, développer les transports en commun, améliorer la propreté et la sécurité. Tout cela était acté et on découvre par la presse l’extension du paramètre touristique. Est ce que le centre-ville est déjà opérationnel ? Non, alors pourquoi l’agrandir ? » »
Repousser la décision
Tous ne s’opposent pas à l’ouverture du dimanche, mais cette extension arrive trop tôt dans le temps alors que près de 95 % des 4.000 commerçants du centre-ville n’ouvrent pas le dimanche, faute de débouchés. « Piétonniser les rues le week-end, multiplier les manifestations comme les dimanches de la Canebière pour dynamiser le centre. On a signé cette convention il y a six mois, certaines actions n’ont même pas commencé. Avant d’aggraver le problème, faisons ce sur quoi nous étions d’accord », demande Johan Bencivenga.
L’UPE13, la CPME13 et l’Union professionnelle artisanale (U2P), pour les patrons, et la CFDT, CFE-CGC et FO, pour les salariés, vont adresser une lettre au préfet, a qui revient la décision finale de l’extension. Ils lui demanderont de surseoir à cette décision de « quelques mois ».
Attractivité
Solange Biaggi, adjointe au commerce, a bien été obligée de répondre à la levée de boucliers des organisations syndicales. « Je suis très étonné de la part de l’UPE13, alors que le monde patronal demande plus de liberté dans le commerce », explique-t-elle. Pour ce qui est de la concertation, « on va la faire », retoque-t-elle. Et la décision du préfet ? « Avec un président comme Macron, si le préfet retoque l’extension ce serait le pompon », considère-t-elle.
Solange Biaggi ne jure que par l’attractivité de Marseille :
« « En étendant cette zone touristique on donne la possibilité d’ouvrir le dimanche aux commerces en bord de mer. Surtout nous souhaitons que les touristes restent plusieurs jours, contre un seul habituellement. » »
Pour ce qui est du centre-ville, comme du reste : cela prendra du temps. « Nous étions d’accord sur la requalification de la rue Paradis en 2001, on l’a inauguré en 2017. Je préfère donc prendre les devants pour cette extension », avance l’adjointe. Alors que l’adjointe pensait être soutenue par la chambre de commerce et d’industrie (CCI), celle-ci considère cette extension comme « Trop vite, trop fort, Monsieur le Maire ». Elle affirme vouloir peser sur les concertations du préfet avant qu’il ne rende sa décision. Avant de prendre les devants, encore faut-il assurer ses arrières.