SOCIALLe retrait de Ford à Blanquefort est une «coïncidence facile à comprendre»

Désengagement de Ford à Blanquefort: Pour Juppé, «une coïncidence facile à comprendre»

SOCIALLe président de Bordeaux Métropole Alain Juppé a rappelé que Ford avait signé une convention en échange d'aides publiques de l'ordre de 15 millions d'euros. Convention qui arrive à échéance en ce début d'année...
Alain Juppé, président de Bordeaux Métropole, le 27 février 2018 à Bordeaux.
Alain Juppé, président de Bordeaux Métropole, le 27 février 2018 à Bordeaux. - M.Bosredon/20Minutes
Mickaël Bosredon

Mickaël Bosredon

L'essentiel

  • Alain Juppé «regrette» le choix de l'industriel, « ce qui met en cause l'avenir du site. »
  • Il demande une réunion avec le ministre de l'Economie Bruno Le Maire pour trouver une solution de reprise de l'activité et de ses 910 salariés.
  • La CGT estime pour sa part qu'il n'y a «aucune raison économique pour justifier l'abandon et la fermeture» de l'usine.

L’usine de Blanquefort, dans la banlieue de Bordeaux, est sous le choc après l'annonce de Ford ce mardi de se désengager de ce site industriel de fabrication de boîtes de vitesses, qui emploie encore 910 personnes.

Président de la métropole de Bordeaux, Alain Juppé a réagi dans l’après-midi au cours d’une conférence de presse. « J’ai appris aujourd’hui la décision de Ford de ne pas confier à l’usine de Blanquefort la fabrication de leur nouvelle boîte de vitesse, qui aurait assuré la pérennité du site pendant de longues années. On nous a fait attendre semaine après semaine, mois après mois, en nous expliquant que la décision pourrait être favorable. Aujourd’hui elle est hélas négative et je le regrette profondément, puisque cette décision met en cause l’avenir du site. »

« Nous nous sommes tous mobilisés : la région, la métropole, l’Etat »

Alain Juppé a rappelé que « nous nous sommes tous mobilisés, la région, la métropole, l’Etat, l’ensemble des collectivités, pour défendre ce site, y compris en investissant des fonds publics pour aider l’entreprise à se moderniser. Aujourd’hui nous prenons acte de cette décision avec un grand regret et je comprends la réaction des salariés et de leurs organisations. »

Le conseil régional pour sa part indique qu’il « s’est notamment engagé ces tous derniers mois à proposer aux dirigeants de Ford des solutions de diversification dans le domaine du véhicule électrique auxquelles l’usine Ford aurait pu prendre toute sa part. »

Le président de la métropole « demande très instamment au ministre de l’Economie Bruno Le Maire de nous réunir pour voir les décisions à prendre et la façon de suivre ce dossier. Je crois que c’est son projet. Rendez-vous doit être fixé d’ici la fin de la semaine. Il s’agit d’assurer la reconversion de ce site pour maintenir son activité industrielle, et la pérennité du millier d’emplois. Nous sommes tout à fait mobilisés pour que Ford assume ses responsabilités. »

« Ce n’est pas pour autant que Ford peut se libérer de toutes ses responsabilités »

« Ford avait signé une convention, en prenant des engagements en compensation des aides qui ont été apportées qui se montent à une quinzaine de millions d’euros, rappelle Alain Juppé. Cette convention arrive aujourd’hui à échéance, et il peut y avoir une coïncidence assez facile à comprendre entre la date d’annonce de cette décision et la fin de cette convention. Ce n’est pas pour autant que Ford peut se libérer de toutes ses responsabilités. La loi prévoit qu'en cas de cessation d'activité, l'entreprise a l'obligation de trouver un repreneur. »

Pour le syndicat CGT, « il n’y a aucune raison économique pour justifier l’abandon et la fermeture. Les pouvoirs publics le savent bien, le gouvernement et l’Etat le savent bien. Encore faut-il dénoncer les choix (…) de Ford qui encaisse des dizaines de millions d’euros sur ces cinq dernières années avec l’engagement de maintenir 1.000 emplois et de finir par partir. C’est inacceptable à tout point de vue. »

« Ford a tout ce qu’il faut pour produire à Bordeaux » selon la CGT

« Malheureusement l’inquiétude avait grandi au fil des semaines, reconnaît Alain Juppé. On nous avait annoncé une décision pour la fin 2017, puis janvier… On voyait bien que les raisons d’inquiétude ne cessaient d’augmenter sur la détermination de Ford. »

Ce que confirme le syndicat CGT : cette nouvelle « n’est ni un scoop ni une surprise tant Ford depuis des années n’a cessé de montrer sa mauvaise volonté pour trouver les moyens de pérenniser l’activité. Il ne s’agit pas d’un problème de compétitivité, pas d’un problème d’absence de projet industriel. Ford a tout ce qu’il faut pour produire à Bordeaux. Il n’y a plus de crise de l’automobile, au contraire les profits sont à un très haut niveau (…) En fait, ce serait complètement rationnel de maintenir en vie la seule usine de transmissions automatiques de Ford en Europe plutôt que de produire des transmissions pour le marché Européen en Amérique. »

« Une usine phare de l’activité industrielle de la métropole »

Dans un communiqué publié ce mardi après-midi, Ford assure de son côté qu’il « s’avère que la fabrication de la nouvelle transmission 8 vitesses à FAI n’était pas économiquement viable (…) Comme nous l’avons déjà dit, l’activité industrielle à FAI dépend de la demande du marché mais les projections actuelles de volume de production sont saines jusqu’au cours de 2019 (…) Nous voulons travailler afin de rechercher de nouvelles possibilités pour l’usine ; ceci incluant la recherche de tout repreneur potentiel intéressé par le site. »

« Il s’agit maintenant de trouver des solutions, estime pour sa part Alain Juppé. Cette usine, dont Jacques Chaban-Delmas avait obtenu l’implantation sur notre territoire, est un peu une usine phare de l’activité industrielle de la métropole. Nous sommes donc très attachés à sa pérennité. »

Disant « refuser le fatalisme » la CGT assure qu’elle « défendra l’usine et ses emplois. »