Strasbourg: Le campus de l'Unistra, un des exemples pour booster l'innovation à l'université
ENSEIGNEMENT SUPERIEUR•À l’heure du lancement d’une mission visant à faire progresser l’innovation sur les campus français, le gouvernement compte s’inspirer de l’université de Strasbourg, comme celles de Montpellier et de Rennes…Bruno Poussard
L'essentiel
- La ministre Frédérique Vidal s’est déplacée ce lundi à Strasbourg pour lancer une mission pour l’innovation sur les campus français.
- Un certain nombre d’idées seraient à piocher à l’Unistra comme dans les universités de Rennes et Montpellier, également scrutées.
C’est à Strasbourg que Frédérique Vidal s’est déplacée ce lundi pour parler d’innovation sur les campus français. « Une évidence », pour la ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation. Car aux yeux du gouvernement, un certain nombre d’idées sont à piocher à l'Unistra dans ce domaine, pour les autres facs de l’Hexagone.
Afin d’en finir avec le « paradoxe français » qui voit le pays classé sixième dans le monde pour sa recherche mais tout juste seizième en termes d’innovation, Frédérique Vidal a ainsi lancé en cette fin janvier la mission « Campus d’innovation » qui s’intéressera d’ici fin avril à l'université de Strasbourg, mais aussi à celles de Montpellier et de Rennes.
« Une continuité doit s’exprimer au sein des sites universitaires, sous la forme d’une relation de confiance et d’échange entre formation, recherche et entreprise. […] L’enjeu de nos politiques d’innovation, c’est inventer le monde de demain. » »
Observer les limites et les atouts sur ces trois campus
Si Strasbourg est citée en exemple pour son innovation - présentée comme « un accélérateur de croissance pour notre économie et un vecteur de progrès pour notre société » par la ministre -, c’est grâce à ses nombreux prix Nobel - dont quatre en activité - et sa première position au classement européen (du Nature Index) des universités selon leur impact sur l’innovation en 2017.
Ancien président de l’Unistra devenu directeur général au ministère, Alain Beretz nuance : « Il ne s’agit pas de vendre Strasbourg mais d’échantillonner ce qui marche et ne marche pas. » C’est le but de la mission confiée à l’universitaire Jean-Lou Chameau, ancien président du California Institute of Technology et de la King Abdullah University of Science and Technology (en Arabie Saoudite) :
« À partir des limites et des atouts observés, j’aimerais que l’on puisse faire une dizaine de recommandations pratiques que les universités pourraient mettre en place elles-mêmes et d’autres qui pourraient être plus largement reprises par le ministère. »
Des liens tissés avec les entreprises privées
Pour leurs liens tissés avec le privé, les instituts de génétique et de biologie moléculaire et cellulaire ou de chirurgie guidée par l'image font partie des pôles mis en avant à Strasbourg. Dans la même idée de partenariat, la société de transfert de technologies Connectus permet depuis 2012 d’accompagner les découvertes des laboratoires de l’université vers les entreprises.
« Cet interlocuteur unique favorise la maturation et dynamise la relation avec elles », insiste Michel de Mathelin, vice-président en charge de la valorisation et des relations avec le monde socio-économique. Sur Internet, un portail universitaire vient même tout juste d’être lancé pour aller plus loin, tandis qu'un réseau de six fablabs spécialisés a été créé quelques mois plus tôt.
« Il faut être créatif pour encourager l’innovation, on a besoin de cette porosité avec différents acteurs. L’université n’est pas isolée dans la société. »
Certaines pistes relevées par ce diagnostic comparé des trois campus ciblés pour leur engagement pour l’innovation (et les freins observés) pourraient être reprises dans le prochain Plan d'action pour la croissance et la transformation des entreprises, un projet de loi du ministère de l’Economie attendu dans les prochains mois. « On veut permettre à toutes les universités de mettre en place l’innovation », conclut la ministre.