FISCALITÉPourquoi 2018 ne sera pas (vraiment) une «année fiscale blanche»

Prélèvement à la source: Pourquoi 2018 ne sera pas une année fiscale totalement «blanche»

FISCALITÉLe fisc a prévu des parades contre l’optimisation fiscale…
Nicolas Raffin

Nicolas Raffin

L'essentiel

  • Le prélèvement à la source entrera en vigueur en 2019
  • Certains revenus de 2018 ne seront pas imposés, mais des exceptions existent.
  • Il faudra toujours continuer à remplir une déclaration d’impôt chaque année.

Repoussé d’un an, le prélèvement à la source entrera finalement en vigueur en 2019. En attendant, l’année 2018 sera une année de « transition » entre l’ancien et le nouveau système. C’est aussi une année « blanche », car certains revenus perçus au cours des douze prochains mois ne seront jamais imposés : il s’agit notamment des salaires, des retraites, ou encore des revenus fonciers récurrents.

Ne vous réjouissez pas trop vite : cette année, vous devrez quand même acquitter un impôt, correspondant aux revenus de 2017. Et à partir de janvier 2019, le prélèvement se fera automatiquement, sur le salaire ou la pension, à partir d’un taux calculé par le fisc. Conclusion : en 2018 comme en 2019, si vous êtes imposables, il faudra payer.

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Gagnants et perdants

Comme pour toute réforme fiscale, il y aura des gagnants et des perdants. Les « perdants » sont les contribuables qui n’ont pas travaillé en 2018 et qui reprendront ou démarreront une activité en 2019. Ils ne bénéficieront plus de l’année de « décalage » de l’ancien système, et devront payer des impôts immédiatement. C’est par exemple le cas des chômeurs qui retrouveront du travail, où des jeunes qui seront embauchés pour la première fois.

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A l’inverse, d’autres contribuables vont profiter de cette transition. « Les grands gagnants sont ceux qui auront des revenus significatifs en 2018 et beaucoup moins de revenus en 2019 » explique Jean-Charles Simon, économiste et candidat à la présidence du Medef. Exemple typique : un salarié qui part à la retraite cette année ne sera pas imposé sur ses derniers salaires, mais sur sa pension de retraite, d’un montant plus faible.

Les travailleurs indépendants surveillés

Évidemment, certains pourraient être tentés de pratiquer une sorte d’optimisation fiscale en déclarant énormément de revenus en 2018. Pour les en dissuader, le fisc a prévu une parade : les revenus « exceptionnels » perçus cette année seront imposables. Bercy donne quelques exemples sur son site dédié : ainsi, les primes d’intéressement ou encore les primes sans lien avec le contrat de travail (d’un montant anormalement élevé) seront bien taxées. « Les effets d’opportunité seront très limités » affirme-t-on à la Dgfip (direction générale des finances publiques).

Même vigilance pour les professions libérales ou les commerçants qui déclareraient des bénéfices 2018 très supérieurs à ceux des années précédentes : la différence sera imposable. Pour autant, la Dgfip reconnaît qu’un travailleur indépendant « peut très bien avoir des variations de revenus d’une année à l’autre sans intention frauduleuse ». Bercy prévoit donc de rembourser au cas par cas les indépendants dont le bénéfice progresserait ou se maintiendrait en 2019.

Baisse du salaire net

Malgré cette réforme, certaines choses ne changent pas pour les contribuables. « En 2018, comme en 2019 [et les années suivantes], il faudra toujours remplir sa déclaration d’impôts au printemps, rappelle Thomas Rone, associé en charge du pôle gestion de patrimoine chez Exco Nexiom. La réforme modifie seulement la façon dont l’impôt est perçu par l’État ».

Quant aux entreprises, chargées de « collecter » l’impôt sur le revenu, elles ne sont pas forcément réjouies. « A cause du prélèvement à la source, les salariés vont avoir une baisse de leur salaire net, alors que l’employeur n’y est pour rien, déplore Jean-Charles Simon. Si vous aviez négocié une augmentation, vous ne la verrez pas. En termes de ressenti, c’est assez déplaisant ». Vous voilà prévenus pour 2019…