ENTREPRISEThales s'offre Gemalto, leader des cartes SIM

Thales s'offre Gemalto, leader des cartes SIM

ENTREPRISELes deux entreprises tiendront une conférence de presse lundi matin à la Défense…
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

Un nouvel atout pour Thales pour devenir un géant de la sécurité digitale. Le groupe technologique français a annoncé dimanche l’acquisition du numéro un mondial en difficulté des cartes SIM Gemalto. Thales, dont la sécurité est l’une des branches à côté de l’aérospatial, du transport et de la défense (et compte au total 64.000 salariés dans 56 pays), veut ainsi présider avec le spécialiste de la protection des données à la « création d’un leader mondial du marché en croissance rapide de la sécurité digitale », selon un communiqué conjoint.

Avec cette acquisition, Thales se classera parmi les trois principaux acteurs mondiaux sur le marché en forte croissance de la sécurité numérique.. Gemalto avait de son côté annoncé fin novembre la suppression de 288 emplois en France, sur fond de résultat opérationnel en forte baisse. Pour le délégué général de La République en marche Christophe Castaner, « c’est pas l’Etat qui vient au secours de Gemalto - même si ça peut être la responsabilité de l’Etat. C’est surtout l’Etat qui veut une politique industrielle pour faire en France un leader mondial de la cybersécurité », a-t-il expliqué dimanche sur France 3.

Pas de suppressions d’emplois, au moins pendant deux ans

L’absorption par Thales ne doit pas se traduire par des pertes d’emplois supplémentaires en France, au moins pendant deux ans. « Thales n’anticipe pas de suppressions d’emplois qui résulteraient de cette opération » et « s’engage à préserver l’emploi dans les activités françaises de Gemalto au moins jusqu’à fin 2019 », selon le communiqué.

« Sur l’emploi, nos demandes ne sont pas satisfaites alors même que nous demandons l’arrêt de ce plan social », a déclaré de son côté à l’AFP Anthony Vella, délégué syndical central de la CFE-CGC chez Gemalto. L’entreprise compte 15.000 salariés au total dans le monde. Thales, qui pèse quelque 18 milliards d’euros en Bourse, « apportera son activité numérique à Gemalto, qui continuera d’opérer sous sa propre marque, en tant qu’une des sept activités mondiales de Thales » et Philippe Vallée, directeur général de Gemalto, « prendra la tête de cette nouvelle activité ». Pour le PDG de Thales, Patrice Caine, il s’agit d’un « vrai projet de conquête, un accélérateur de croissance » pour « deux jumeaux dans le numérique » qui réunit « les deux plus grands groupes de tech mondiaux d’origine française ».

Peu de risque qu’une autre entreprise surenchérisse

Il s’agit d’une « expansion commerciale qu’on va pouvoir jouer pour être plus fort sur l’ensemble du monde », a de son côté estimé Philippe Vallée. Alors que le marché traditionnel de la carte SIM ne croît plus en volume, « nous sommes en train de travailler sur la transition du modèle de connexion des opérateurs vers la nouvelle SIM embarquée », ou eSIM, pour les « opérateurs mobiles qui ont besoin de connecter de plus en plus d’objets », a-t-il assuré. Une carte SIM embarquée est une puce reprogrammable disponible en plusieurs formes et tailles. Elle reste dans l’appareil même lorsque l’utilisateur change d’opérateur.

Un autre acheteur pourrait encore se faire connaître pour empêcher la fusion de Gemalto et de Thales, dont la réalisation est prévue au second semestre 2018, mais devrait payer au moins 9 % de plus que Thales. Thales et Gemalto tiendront une conférence de presse lundi matin au siège de Thales à la Défense.