Le bitcoin fait des débuts prometteurs sur une bourse mondiale

MONNAIEUn des premiers produits financiers permettant de parier sur l’évolution et l’avenir de la monnaie virtuelle a été lancé dimanche au prix de 15.000 dollars l'unité...
M.C. avec AFP

M.C. avec AFP

L'essentiel

  • Le bitcoin a fait ses débuts dans « le calme » dimanche au Chicago board options exchange (Cboe).
  • C'est une première étape dans la quête de légitimité de la monnaie virtuelle.
  • Nombreux sont les experts qui mettent cependant en garde sur une possible manipulation des échanges.

Un premier pas vers une reconnaissance populaire. Le bitcoin, mère controversée des monnaies virtuelles, a fait ses débuts dans « le calme » dimanche sur une bourse mondiale au prix de 15.000 dollars (12.700 euros) l’unité.

Vers minuit (heure française) dans la nuit de dimanche à lundi, un des premiers produits financiers permettant de parier sur l’évolution et l’avenir de la monnaie virtuelle et proposé sous le symbole boursier « XBT » par le Chicago board options exchange (Cboe), a été proposé au prix de 15.000 dollars.

S’en est suivie une forte volatilité pendant une vingtaine de minutes ayant vu le cours monter jusqu’à 16.600 dollars, avant de redescendre, et le site Internet du Cboe devenir inaccessible momentanément. L’opérateur boursier a assuré que les échanges n’ont pas été affectés.

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Le Cboe donne au bitcoin « de la légitimité »

C’est « assez calme » et « stable », a déclaré à l’AFP Bob Fitzsimmons, le responsable des contrats à terme chez la maison de courtage Wedbush Securities. Environ 946 contrats avaient changé de mains à 2h50, selon le Cboe. Les instruments financiers proposés dimanche par le Cboe sont la première opportunité officielle pour les investisseurs professionnels d’investir dans le bitcoin, lancé en 2009, dont ils se méfient à cause de son absence de régulation et de son manque de transparence.

Le Cboe donne au bitcoin « de la légitimité car il reconnaît que le bitcoin est un actif comme un autre [dollar, euro, pétrole, gaz, soja] qu’on peut échanger », ajoute Nick Colas, expert chez Data Trek Research. La reconnaissance par Wall Street est une première étape dans l’ambition affichée du bitcoin de devenir un actif aussi populaire que l’or auprès du grand public.

Ses défenseurs envisagent de passer à la vitesse supérieure en demandant à la SEC, le gendarme de la Bourse américain, d’autoriser la création d’un ETF en bitcoin, une sorte de placement financier ou d’épargne financière dans lequel Madame et Monsieur Tout-Le-Monde pourront placer leurs économies. La valeur de ce type d’épargne financière dépendra de la performance du bitcoin. La SEC s’est refusée jusqu’ici à accéder à une telle demande.

Des garde-fous pour éviter les trop grandes fluctuations

Les premiers échanges sur un marché financier ayant pignon sur rue devraient apporter à terme une certaine stabilité à la monnaie virtuelle, espèrent les traders professionnels, car le prix des contrats à terme va forcément influencer le cours sur les plateformes alternatives, calculent-ils.

Le Cboe indique avoir mis des garde-fous pour éviter des fluctuations folles : il suspendra par exemple les échanges pendant deux minutes si les prix des produits augmentent ou chutent soudain de 10 %. L’arrêt sera de cinq minutes si les mouvements à la hausse ou à la baisse atteignent 20 %.

Malgré ces assurances, nombreux sont les experts qui mettent en garde sur une possible manipulation des échanges. « Nous demeurons inquiets sur l’absence de transparence et de régulation » du bitcoin et « nous demandons si les échanges vont être contrôlés de façon appropriée afin de s’assurer que le (bitcoin) n’est pas objet de manipulation et de fraude », écrit la FIA, association regroupant les grandes banques faisant l’interface entre investisseurs sur le marché des contrats à terme.

Clients triés sur le volet

En conséquence, JPMorgan, Bank of America Merrill Lynch, Citigroup et Barclays ne jouaient pas les intermédiaires dimanche pour leurs clients voulant investir dans les produits bitcoin, ont indiqué à l’AFP des sources proches du dossier. Seules Goldman Sachs et ABN Amro ont accepté de jouer les interfaces pour un nombre de clients triés sur le volet afin de minimiser les risques attachés à la volatilité du bitcoin.

Outre le Cboe, le CME (Chicago Mercantile Exchange), autre opérateur boursier mondial, compte lancer des échanges de produits en bitcoins le 18 décembre et devrait être suivi en 2018 par le Nasdaq, la plateforme des géants de la Silicon Valley tels Google et Facebook.