Anotéa: Pour éviter les arnaques, voici le «Trip Advisor» de la formation professionnelle
EMPLOI•La région francilienne surveille attentivement les évaluations…Nicolas Raffin
L'essentiel
- Anotéa est l’équivalent d’un « Trip Advisor » pour les formations professionnelles.
- Il permet plus de transparence sur le ressenti des stagiaires.
- Les professionnels rappellent qu’il ne s’agit pas du seul outil pour se décider.
Le chantier de la formation professionnelle voulu par l'exécutif démarre. Ce vendredi, les partenaires sociaux ont défini un calendrier de discussions pour transformer ce secteur qui pèse 31 milliards d’euros. Le gouvernement juge que le système actuel de formation est inadapté « aux mutations rapides et profondes que connaissent nos sociétés », et qu'il ne permet pas de lutter efficacement contre le chômage.
Pour améliorer l’efficacité de ce « maquis », syndicats et patronat pourront s’inspirer de l’initiative lancée en Île-de-France. Depuis le début du mois, la région pilote avec Pôle emploi un système de notation baptisé « Anotéa ». Concrètement, chaque « stagiaire » qui suit une formation a désormais la possibilité de laisser des appréciations et une note en ligne à la fin de la session. L’avis, anonyme, est ensuite publié sur « Défis métiers » et « La bonne formation ».
Contrôle et sanction
« L’intérêt de l’outil, c’est qu’il permet l’interaction entre les stagiaires, analyse Laurent Kazmierczak, directeur de la communication de Pôle emploi en Ile-de-France. Si quelqu’un recherche une formation et tombe sur un avis (voir photo ci-dessous), il peut contacter celui qui a laissé l’appréciation pour en savoir plus ». Quant à l’organisme qui organise la formation, il peut « répondre aux commentaires laissés, mais pas supprimer les mauvaises notes » complète Laurent Kazmierczak.
Anotéa agit comme un outil de transparence, et peut aussi servir pour d’éventuelles sanctions. « Si une session cumule plus de dix commentaires négatifs, des contrôles peuvent être effectués par Pôle emploi ou la Région » explique le conseil régional.
« On n’a pas le pouvoir de faire fermer un organisme, mais il est évident que s’il pose problème, on pourra être amené à ne pas renouveler les contrats passés avec eux », explique-t-on à 20 Minutes. D’après la Région, 46 contrôles ont été menés sur la base d’Anotéa depuis son lancement.
« Il ne faut pas s’arrêter au nombre d’étoiles »
Les organismes de formation contactés accueillent la mesure plutôt favorablement. « C’est une bonne idée, parce qu’il y a beaucoup d’arnaques, affirme Saïd Youssef, directeur d’une association qui propose des cours de français pour les étrangers. Par exemple, des centres gardaient des stagiaires pendant plusieurs mois alors qu’ils pouvaient les former en quelques semaines ». Une pratique qu’Anotéa permettrait de combattre.
Pour autant, les professionnels ne veulent pas que les salariés ou demandeurs d’emplois se basent sur le seul critère de la note au moment de trancher. « Il ne faut pas s’arrêter au nombre d’étoiles, c’est insuffisant, juge Elise Morvan, conseillère en formation et chargée de communication à l’école des métiers de l’information. L’étape suivante, c’est par exemple d’aller aux réunions d’information ».