Trains en retard, subventions, nombre de passagers… Cinq chiffres insolites sur le transport ferroviaire
TRAINS•Le gendarme du rail relève quelques particularités françaises…Nicolas Raffin
L'essentiel
- Un rapport dévoile le panorama des trains français.
- Une proportion importante du trafic (80 %) est concentrée sur une petite portion du réseau.
- Les TER restent largement dépendants des aides publiques.
A quoi ressemble un voyage en train aujourd’hui ? Pour le savoir, l’Arafer, l’autorité de régulation des activités ferroviaires et routières, a publié ce jeudi son premier rapport sur le marché du transport ferroviaire de passagers en France. Très détaillé, il dresse un état quantitatif (nombre de trains, kilomètres de lignes) mais aussi qualitatif (ponctualité) du réseau en se basant sur les données de 2015 et 2016. Que faut-il en retenir ?
8040 km. C’est le « coeur » du réseau ferré français.
Si la France compte 28.000 kilomètres de lignes exploitées, certaines sont beaucoup plus sollicitées que d’autres. Selon l’Arafer, « 80 % des circulations de trains de voyageurs s’effectuent sur seulement 27 % des lignes », soit 8040 kilomètres. Un constat qui sera sûrement utilisé par Jean-Cyril Spinetta, l’ancien PDG d’Air France-KLM chargé d’une mission gouvernementale sur la refondation du ferroviaire.
Sans surprise, les parcours les plus fréquentés (voir carte ci-dessus) sont ceux qui relient Paris aux autres grandes villes (Lille, Lyon, Marseille, Bordeaux). Du fait de la densité du réseau, 90 % de la population réside à moins de 10 kilomètres d’une gare ou d’une halte exploitée. Dans la majorité des cas, ces arrêts sont uniquement desservis par un TER (train express régional).
5 min et 59 secondes. La petite astuce de la SNCF pour comptabiliser les retards.
Dans plusieurs pays d’Europe, un train est considéré comme étant « en retard » lorsqu’il arrive au terminus 5 minutes et 1 seconde après l’horaire prévu. En France, la SNCF ruse avec le chronomètre et ne comptabilise les « retards » qu’au-delà de 5 min et… 59 secondes. Une technique qui permet de réduire artificiellement le nombre de trains en retards.
Selon l’Arafer, sur les quelque 6600 trains de voyageurs qui circulent tous les jours en France (hors Transilien), 89 % arrivent à l’heure (moins de 6 minutes de retard). Ce qui signifie qu’en moyenne, 11 % des trains arrivent en retard. Ces statistiques varient suivant les types de trains : les Intercités affichent un taux de retard de 22 %, et dépassent même les 30 % entre 9h et 10h.
A l’inverse, les TER affichent un taux de retard deux fois moindre (10 %). Une différence qui s’explique en partie par le fait que les TER effectuent des parcours moins longs que les Intercités, avec donc moins de risque de perdre du temps.
1,2 milliard. Le nombre de passagers transportés en 2016
L’année dernière, les voies ferrées du pays ont vu passer 3,2 millions de passagers chaque jour. Au total, 1,2 milliard de voyageurs ont pris le train. La fréquentation se concentre surtout sur les Transiliens (73 % des passagers) et les TER (14 %). Pour Bernard Roman, le président de l’Arafer, « cela conforte le recentrage actuel [voulu par Emmanuel Macron] sur la mobilité du quotidien ».
27 %. La part moyenne du revenu des TER et Transiliens qui vient des billets de train
Les TER et Transiliens restent des réseaux largement subventionnés, quelle que soit la région concernée. En moyenne, les recettes commerciales (billets de train) représentent 27 % du revenu total de l’activité, le reste venant des « concours publics », autrement dit des versements des collectivités locales.
Là encore, de fortes disparités existent suivant les régions : en Alsace, les recettes commerciales représentent 35 % du revenu des TER. A l’inverse, cette recette n’atteint que 10 % dans le Limousin, ce qui signifie que 90 % des revenus des trains régionaux proviennent d’argent public.
67 %. Le taux de remplissage moyen d’un TGV en 2016.
Les trains à grande vitesse possèdent la meilleure moyenne dans ce domaine. Ils sont suivis par les Intercités (42 % de remplissage) et les TER (25 % de remplissage). Là encore, ces chiffres ne décrivent pas forcément la réalité vécue par les usagers. « Les taux de remplissage varient énormément suivant les périodes horaires, et notamment pendant les heures de pointe » rappelle Bernard Roman.