20 Minutes avec AFP
«No Comment. » Comme tous les mois depuis sa nomination au ministère du Travail, Muriel Pénicaud ne devrait pas commenter ce mardi la publication des derniers chiffres des inscriptions à Pôle Emploi pour le mois de septembre. La raison ? Pour la ministre, ces chiffres mensuels « ne reflètent pas bien l’évolution du marché du travail ».
« Incompréhension »
De fait,les statistiques de Pôle emploi contredisent tous les autres indicateurs du marché de l’emploi, tous passés dans le vert dans le sillage d’une croissance attendue en 2017 à 1,8 % par l’Insee.
Si les embauches (Acoss), les créations d’emplois et le taux de chômage (Insee) sont au beau fixe, le nombre de chômeurs inscrits à Pôle emploi a lui grimpé de 73.300 personnes (+2,1 %) depuis le début de l’année en métropole. Il a encore augmenté de 22.300 (+0,6 %) personnes sur le seul mois d’août, pour atteindre 3,54 millions. Il culmine à 3,80 millions de personnes en incluant l’outre-mer.
Les chiffres de Pôle emploi ont même atteint de nouveaux records en comptant les demandeurs d’emploi ayant exercé une petite activité au cours du mois, à 5,65 millions en métropole (+0,4 %) et 5,95 millions en France entière (+0,5 %).
Le mois dernier, Bruno Ducoudré, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), faisait part, comme plusieurs de ses confrères, de son « incompréhension » face à ces chiffres obstinément à contre-courant des autres indicateurs.
Le pari d’un régime d’indemnisation universel
La publication de Pôle emploi intervient, cette fois, en plein débat sur l’avenir de l’assurance chômage. Le gouvernement a engagé à la mi-octobre une concertation avec les partenaires sociaux sur ses futures réformes sociales, et c’est la réforme du régime d’indemnisation chômage qui suscite le plus de crainte, chez les syndicats comme au sein du patronat.
L’ambition de l’exécutif est de rendre le régime « universel », en l’ouvrant aux indépendants en perte d’activité et aux démissionnaires. Cela implique un changement de gouvernance - d’une gestion aujourd’hui paritaire par les partenaires sociaux à une gestion tripartite avec une présence renforcée de l’Etat - et de financement - dont une partie sera transférée des cotisations vers l’impôt.
Côté patronal, on craint que l’ouverture aux indépendants induise la création d’une nouvelle cotisation et on alerte sur le coût, potentiellement élevé, d’une ouverture aux démissionnaires. En réponse à cette seconde préoccupation, le président Emmanuel Macron a annoncé des restrictions à ce nouveau droit, en imposant que les démissionnaires aient un projet professionnel pour pouvoir être indemnisés.
Côté syndical, la principale inquiétude concerne le niveau d’indemnisation des chômeurs. Les organisations craignent qu’en l’absence de moyens supplémentaires, l’arrivée de nouveaux bénéficiaires aboutisse à une baisse des droits. Mais selon Jean-Claude Mailly (FO), Emmanuel Macron et son Premier ministre Edouard Philippe lui ont assuré que le niveau des allocations ne baisserait pas.