A quoi va ressembler la stratégie d'Emmanuel Macron pour lutter contre la pauvreté?
SOCIAL•Avec pour objectif «l'égalité des chances» pour les enfants de tous milieux, le chef de l'Etat veut cibler ses efforts de lutte contre la pauvreté spécifiquement sur l'enfance et la jeunesse...Nicolas Raffin
L'essentiel
- Ce mardi marque la journée mondiale du refus de la misère.
- Emmanuel Macron va lancer une concertation pour s’attaquer à la pauvreté des enfants et des jeunes.
- Aucun budget précis n’est prévu pour l’heure.
La France compte environ 3 millions d’enfants qui vivent sous le seuil de pauvreté, bien souvent au sein de familles en grande difficulté financière. Une situation dénoncée par les associations d’année en année, et à laquelle Emmanuel Macron veut s’attaquer. Le président de la République va donner ce mardi le coup d’envoi d’une « concertation » pour définir la « stratégie de lutte contre la pauvreté des enfants et des jeunes ».
Fidèle à une méthode déjà employée lors des Etats généraux de l’Alimentation, cette concertation va se traduire par une réflexion sur les actions à mener pour éradiquer la pauvreté. Les associations, les entreprises, mais aussi des acteurs publics (CAF) seront associés aux travaux. Un délégué interministériel, nommé prochainement, sera chargé de coordonner le tout, avec une synthèse attendue d’ici mars-avril 2018.
« Penser les politiques au plus près de la réalité »
Voilà pour la forme. Sur le fond, un certain flou demeure. « Cette stratégie donnera une place importante aux initiatives territoriales, à l’innovation sociale » indique l’Elysée, qui précise que la concertation portera sur des thèmes « transversaux ». Au programme : « comment faire de la prévention et favoriser l’égalité des chances », « accompagnement social et repérage » des enfants en difficulté, ou encore « lutte contre la grande précarité ».
Christophe Géroudet, délégué national d’ATD-Quart Monde, apprécie la méthode retenue : « Pour que les politiques contre la pauvreté soient efficaces, elles doivent être pensées avec ceux qui sont au plus prêt de la réalité. Sinon, on aboutit à des dispositifs qui peuvent aller contre les pauvres, avec un taux de non-recours important. Faire une concertation, c’est intéressant ».
Un budget à définir
Mais le menu élyséen laisse Louis Maurin sur sa faim. Pour le directeur de l’Observatoire des inégalités, « c’est bien d’avoir une politique structurelle contre la pauvreté, avec des investissements dans le logement ou l’éducation mais la question majeure c’est celle des moyens », explique-t-il à 20 Minutes.
Or sur ce point, l’Elysée reste prudent : « Il n’y a pas d’enveloppe définie à l’avance, c’est la démarche inverse, décrypte l’entourage d’Emmanuel Macron. D’abord on identifie les actions à mener, les barrières à lever, puis on mène un plan d’action ». « Le budget sera un point de vigilance » reconnaît Christophe Géroudet, pour qui la baisse des APL a représenté un mauvais signal envers les plus démunis.