Produits bio vendus en grandes surfaces: L’UFC-Que Choisir juge les prix des fruits et légumes très excessifs

ALIMENTATIONLes grandes enseignes évoquent une étude «malhonnête»…

L'essentiel

  • Pour l’UFC-Que Choisir, les grandes enseignes «surfacturent» les produits bio.
  • En retour, ces dernières critiquent la méthodologie de l’étude.
  • Le marché du bio s’élève à 7,14 milliards d’euros en France.

Alors que le ministre de l’Agriculture, Stéphane Travert, a lancé lundi les Etats généraux de l’alimentation, le thème du bio pourrait devenir l’un des axes majeurs des discussions. L’UFC-Que Choisir a en effet dévoilé ce mardi une vaste étude sur l’offre de fruits et légumes bio en grandes surfaces.

Pour l’association de consommateurs, « les promesses des grandes enseignes ne sont pas tenues » : l’enquête se montre particulièrement critique sur les prix payés par les clients. « Le consommateur est victime de marges parfaitement indigestes pour lui » affirme Alain Bazot, président de l’UFC.

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L’exemple du poireau

De fait, selon l’analyse de l’association, le « panier » annuel de fruits et légumes composé uniquement de produits bio coûte 660 euros en supermarché. C’est 292 euros de plus que si le « panier » était composé de produits issus de l’agriculture dite conventionnelle. Une partie de ce surcoût s’explique facilement : le bio coûte plus cher à produire, en raison d’un rendement plus faible et d’une main-d’œuvre souvent plus nombreuse.

Le panier bio est beaucoup plus cher que le panier classique selon l'UFC-Que Choisir.
Le panier bio est beaucoup plus cher que le panier classique selon l'UFC-Que Choisir.  - UFC-Que Choisir

Mais pour l’UFC Que-Choisir, ces conditions de production n’expliquent que la moitié du surcoût. L’autre moitié se trouverait « dans les niveaux de marge de la distribution ainsi que la TVA ». Illustration avec le poireau : la marge brute [différence entre le prix d’achat par le supermarché et le prix de vente au client] du poireau bio est trois fois plus élevée que celle du poireau classique.

D’après l’association, les deux légumes étant très similaires - avec peu de pertes en rayons - rien ne justifie un tel écart de prix. Les grandes surfaces se voient donc reprocher de gonfler les prix des produits bio, afin de réaliser plus de bénéfices.

Tir de barrage

Sans surprise, les enseignes de la grande distribution ont accueilli cette étude avec beaucoup de scepticisme. « Leurs chiffres sont abracadabrants, c’est n’importe quoi, s’exclame un porte-parole de Système U. Il y a un moment où il faut arrêter de sortir des sujets sensationnels ».

Du côté de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), qui regroupe de nombreuses enseignes (Auchan, Carrefour, Cora etc.), la réaction est similaire. « Le calcul de l’UFC- Que Choisir est malhonnête, il oublie de nombreux coûts, explique-t-on à 20 Minutes. Par exemple, il ne mentionne pas le prix de transport des marchandises ou encore le coût du conditionnement ». La source de la FCD le reconnaît néanmoins : « Qu’il y ait des marges supérieures pour les produits bio, je vous l’accorde, c’est un produit de niche ».

Question d’argent

Le sujet est sensible. En 2016, selon l’Agence Bio, le marché des produits biologiques (fruits, légumes, viandes, vins, etc.) s’élevait à 7,14 milliards d’euros en France. Près de la moitié (45 %) des ventes de la filière est réalisée en grandes et moyennes surfaces. Pour les distributeurs, c’est un enjeu économique loin d’être négligeable. En témoigne le lancement régulier de vastes campagnes publicitaires pour vanter le côté « bio » de la marque… et attirer de nouveaux consommateurs.