Serruriers, plombiers, peintres... Les artisans obligés d’afficher leurs tarifs sur Internet dès le 1er avril pour éviter les arnaques
CONSOMMATION•Cette mesure vise à réduire le nombre de litiges entre professionnels et particuliers…Nicolas Raffin
En 2016, la DGCCRF, qui s’occupe notamment de la protection des consommateurs, a reçu près de 9.000 plaintes concernant les travaux à domicile. « C’est 13 % du total des plaintes que nous réceptionnons, trois fois plus que les plaintes envers les garagistes » note Vincent Designolle, directeur de cabinet à la DGCCRF.
Souvent, les consommateurs appellent un réparateur pour une urgence : porte claquée, serrure impossible à ouvrir, fuite d’eau importante, etc. Certains artisans en profitent alors pour facturer la prestation au prix fort, en profitant de l’état de détresse de leurs clients. Des comportements que le gouvernement espère voir diminuer grâce à l’arrêté qui entrera en vigueur ce samedi 1er avril.
Améliorer la transparence
Chaque artisan (voir la liste des métiers concernés) devra désormais afficher ses prix sur son site Internet, s’il en possède un. Il devra notamment préciser le taux horaire de la main-d’œuvre, le caractère payant ou non de son devis, ou encore le tarif éventuel de son déplacement. « Ce qui est important, c’est que le tarif affiché sur le site soit le même que celui annoncé au moment du dépannage » précise Vincent Designolle.
Une volonté de faire un peu plus de transparence dans un secteur souvent épinglé. L’année dernière, sur 600 entreprises de travaux à domicile contrôlées par la DGCCRF, une centaine ont fait l’objet d’une procédure judiciaire. En proportion, le secteur affiche un taux d’irrégularité huit fois supérieur (16 % contre 2 %) à la moyenne des contrôles.
Faire preuve de vigilance
Pourtant, certains professionnels sont sceptiques sur l’efficacité de la mesure. Stéphane, serrurier installé depuis 39 ans à Paris est direct : « l’affichage des tarifs ne réglera rien. Certaines sociétés vont proposer des tarifs de 30 euros sur leur site, mais à l’arrivée, si la personne est démunie, elle va payer 2.000 euros. Il n’y a aucune contrainte sur Internet, vous pouvez vous faire passer pour n’importe qui. »
Vincent Designolle reconnaît la nécessité d’être vigilant lorsqu’on fait appel à un réparateur : « Idéalement, explique-t-il, il faut faire appel à des professionnels recommandés par des proches. En cas de doute, vous pouvez faire une recherche via Google Maps pour voir si le magasin existe bien ». Par ailleurs, même dans un cas d’urgence et quel que soit le montant, l’artisan est dans l’obligation de fournir un devis écrit, dès lors que vous lui en faites la demande.
En cas de doute sur la probité du professionnel, n’hésitez pas à garder les pièces jugées défectueuses. Elles pourront servir de pièces à conviction. Enfin, si vous n’arrivez pas à régler un conflit à l’amiable, vous pouvez toujours vous tourner vers le tribunal civil ou la DGCCRF, qui peut prononcer de lourdes amendes.