Florange: François Hollande a-t-il tenu les promesses faites aux ouvriers de l'usine ArcelorMittal?
BILAN•Les promesses de François Hollande au sujet du site de Florange, symbole du quinquennat, ont-elles été tenues ? « 20 Minutes » fait le bilan…Laure Cometti
«Je viens à Florange dire que j’ai respecté l’ensemble de mes engagements ». Dans une interview parue dimanche, notamment dans , affirme faites aux ouvriers de l’usine de Florange, où il se rend ce lundi. Le 24 février 2012, en pleine campagne présidentielle, le candidat socialiste avait formulé trois promesses aux ouvriers du site de sidérurgie. Arrivé au pouvoir, il avait pris de nouveaux engagements pour préserver le site ArcelorMittal. Les promesses de Hollande ont-elles été tenues ? 20 Minutes a fait le bilan. Pour chaque promesse du président, il suffit de cliquer sur la photo pour savoir si elle a été tenue ou non.
Promesse n°1 : Obliger les entreprises qui veulent fermer à trouver un repreneur
24 février 2012 : au micro, juché sur une camionnette de l’intersyndicale, le candidat à la présidentielle promet, sous les vivats, de faire passer une loi prévoyant que « quand une grande firme ne veut plus d’une unité de production, elle soit obligée de la céder à un repreneur pour qu’elle » ne soit pas « démantelée ».
La loi , dite « loi Florange », a bien été promulguée en mars 2014. Mais plusieurs points ont été (CC). Concrètement, cette loi oblige toute entreprise d’au moins 1.000 salariés à chercher un repreneur si elle « envisage la fermeture d’un établissement qui aurait pour conséquence un projet de licenciement collectif ». Chercher, mais pas forcément trouver. En effet, le CC a supprimé les dispositions contraignant l’entreprise à accepter une offre de reprise sérieuse et les sanctions financières prévues pour les entreprises qui ne cherchent pas de repreneur.
Promesse n°2 : « Sauver le site et éviter tout plan social »
Si la loi dite Florange est arrivée trop tard pour les hauts-fourneaux de l’usine mosellane, un accord signé fin 2012 entre ArcelorMittal et le gouvernement prévoyait de reclasser les ouvriers et d’investir pour développer le site. « Je m’étais rendu à Florange lors de la campagne présidentielle. Je leur avais fait deux promesses : sauver le site et éviter tout plan social. Elles ont été tenues. Les 650 salariés qui travaillaient sur le haut-fourneau ont été reclassés sur place et aucun n’a été licencié », affirme le chef de l’Etat dans l’interview publiée dimanche.
Les 629 salariés des deux hauts fourneaux fermés n’ont pas été licenciés. Environ 200 sont partis à la retraite, selon . Les quelque 400 salariés restant ont été reclassés en interne, dont « la plupart sur le site de Florange », précise le groupe dans son bilan annuel.
Les syndicats nuancent toutefois ce bilan. « Les personnes ont été reclassées mais sur des postes non pérennes », affirme à le délégué CGT Lionel Burriello. En outre, les syndicats indiquent que comptait au total 2.800 CDI en 2011, contre 2.100 à ce jour. Par ailleurs, entre 1.000 et 2.000 emplois indirects auraient été perdus chez les sous-traitants selon les syndicats. « On a perdu 1.000 emplois directs et indirects », déplore Walter Broccoli, ancien syndicaliste de Florange et aujourd’hui conseiller régional MoDem interrogé par .
Autre volet de l’accord entre le gouvernement et le géant de la , fin 2012, la question des investissements. ArcelorMittal s’était engagé à investir 180 millions d’euros à Florange sur cinq ans. D’après la commission de suivi, qui regroupe syndicalistes, élus locaux et représentants du groupe, ce plan d’investissement est respecté et va même être porté à 200 millions d’euros. Mais selon le texte de l’accord, qui avait fuité dans , seuls 53 millions d’euros sont alloués aux « investissements stratégiques », ce qui fait dire aux syndicats qu’il n’y a de Florange.
Promesse n°3 : Défendre le projet Ulcos
Ulcos pour « Ultra-Low Carbon Dioxide Steelmaking » (« processus sidérurgiques à très basses émissions de CO2 »). François Hollande s’était engagé en février 2012 à « faire autant pression que nécessaire auprès de la Commission européenne » pour que ce projet européen de captage et de stockage de dioxyde de carbone voie le jour. La fabrication de l’acier émet d’importantes quantités de gaz à effet de serre et l’usine de Florange aurait pu être le site test et la vitrine d’une filière de l’acier plus « propre ».
Le projet Ulcos a été enterré en 2013 et le consortium de 48 entreprises européennes a été dissous. En septembre 2013, le président a annoncé la création à Florange d’un centre public de recherche pour la sidérurgie française dont l’objectif sera « d’assurer l’acier de demain », et de « garantir l’indépendance de la sidérurgie française ». Ce centre, doté par l’Etat de 20 millions d’euros d’investissements, sera inauguré ce lundi par François Hollande. Permettra-t-il de pérenniser la filière sidérurgique française ? Le ministre du Budget Christian Eckert a constaté ce lundi au micro de France Inter « une vague de diminution de l’activité sidérurgique en Lorraine, ainsi que dans toute l’Europe ».
Promesse n°4 : « Augmenter les cotisations chômage des entreprises qui emploient des intérimaires »
Nombreux sur le site de Florange, les intérimaires avaient eu droit à une promesse du candidat en 2012 : « Les entreprises qui emploient des intérimaires paieront davantage de cotisations chômage que celles qui embauchent des CDI », avait affirmé François Hollande.
La piste est débattue depuis de longs mois par les partenaires sociaux dans le cadre de négociations fleuve sur l’assurance chômage. Mais le Medef (Mouvement des entreprises de France) des cotisations patronales sur les contrats d’intérim et les CDD.
Promesse n°5 : Venir chaque année à Florange
En 2013, François Hollande, devenu président, avait promis de se rendre sur le site chaque année.
Le chef de l’Etat est revenu à Florange en novembre 2014. En revanche, on ne l’y a pas vu en 2015.