«Cadavres fiscaux» ou «sérieux budgétaire» pour le dernier budget du gouvernement ?
POLITIQUE•A quelques mois de la présidentielle, le projet de loi de finances présenté mercredi agite la classe politique…T.L.G.
«Improbable. » Le n’a pas épargné les prévisions du budget 2017, présenté mercredi. L’organisme indépendant juge un poil « optimiste » l’hypothèse de et donc « improbable » la réduction du déficit public à 2,7 % du PIB promise par le gouvernement. Après l’annonce de la hausse du en août, le crucial projet de loi de finances maintenant ébranlé. Le « ça va mieux » gouvernemental aurait-il du plomb dans l’aile ?
Michel Sapin a répondu aux oiseaux de malheur : la France passera bien sous les 3 % de déficit des finances publiques. « Le Haut Conseil, peut-être est-ce dans sa nature, a toujours fait preuve de scepticisme devant les perspectives budgétaires de la France », a taclé le ministre de l’Economie et des Finances.
« Des cadavres fiscaux » cachés à Bercy ?
Chaque organisation a son hypothèse de croissance : ! Seulement ! Derrière la bataille de chiffres, l’enjeu politique. Le dernier budget du quinquennat est devenu crucial à l’aube de la campagne présidentielle. Le gouvernement veut montrer le « sérieux budgétaire » du quinquennat ; la droite l’accuse d’« artifices budgétaires ». « Dire que le déficit sera de 2,7 % en 2017, c’est bidon ! », a dénoncé François Fillon, qui prévoit lui 4.7 % en raison des « mesures non financées » de l’exécutif. Les Républicains estiment que l’exécutif a caché
Alors, la France sera-t-elle dans les clous ? Probable selon Mathieu Plane, économiste à l’Observatoire français des conjonctures économiques*. « Je trouve les critiques assez sévères dans le sens où l’on partage [à l’OFCE] les prévisions de croissance à 1.5 % du PIB. Nous prévoyons un déficit à 2.9 %, donc la fourchette de Bercy est peut-être un peu haute, mais pas du tout délirante. » L’économiste poursuit : « Le deuxième trimestre a certes été mauvais, liées notamment aux incertitudes du Brexit et à l’impact des attentats sur le tourisme. Mais les autres facteurs (politique budgétaire moins restrictive, redressement des comptes publics, marge des entreprises redressée), laissent supposer une reprise molle : c’est-à-dire une croissance moyenne autour de 1.5 %. »
L’hypothèse d’un dérapage du déficit ? « C’est de la politique, ce n’est pas sérieux », soupire Mathieu Plane. « C’est vrai qu’il peut y avoir cette tentation en fin de mandat. On se souvient de la baisse des impôts de Chirac en fin de quinquennat ou encore la baisse de la TVA et la suppression de la vignette automobile de Jospin en 2000-2001. Mais là, on ne peut pas dire que François Hollande ait ouvert les vannes en prévision de la campagne, développe l’économiste. Il y a bien eu des gestes vers les enseignants ou la fonction publique, mais les dépenses restent globalement maîtrisées. »
Un budget déjà fragilisé
En cas de victoire de la droite, le dernier budget du quinquennat Hollande risque de passer un mauvais quart d’heure. Plusieurs candidats promettent de fortes baisses fiscales et ont déjà annoncé qu’ils reviendraient sur certaines mesures, comme le prélèvement à la source.
Vincent Dreuzet, secrétaire national du syndicat s’inquiète de la tournure des débats :
« « On repart dans le cycle traditionnel des promesses électorales. Plus que les prévisions de croissance, les baisses d’impôts annoncées ont un caractère politique évident. Il s’agit là de débats politiciens qui ne tracent pas de politique fiscale claire. D’expérience, tous les projets de loi de finances ont tendance à surestimer légèrement les prévisions de croissance. Le gouvernement pourra peut-être améliorer par petites touches ses projections, mais sans aller très loin. Car les prévisions passeront ensuite à la moulinette européenne. » »
Au-dessus de la mêlée, l’Europe veille. La Commission européenne a exclu début septembre tout nouveau sursis pour Paris.
*L'OFCE est un centre indépendant de recherche, de prévision et d'évaluation des politiques publiques .