FISCALITEPourquoi Airbnb a payé à peine 70.000 euros d'impôts en France en 2015

Pourquoi Airbnb a payé à peine 70.000 euros d'impôts en France en 2015

FISCALITEGrâce à des techniques comptables, Airbnb, dont l’activité a explosé en France, a réussi à payer moins d’impôts en 2015 qu’en 2014…
Laure Cometti

L.C. avec AFP

Ce n’est pas une nouveauté, de nombreuses entreprises font des montages comptables qui leur permettent en toute légalité de payer (relativement) peu d’impôts dans un pays où elles ont des activités. Airbnb en fait partie selon le journal Le Parisien qui publie ce jeudi un dossier consacré au site de location de logements entre particuliers.

Les filiales d’Airbnb à l’étranger gèrent les transactions

Airbnb a passé cette année la barre des 10 millions de voyageurs accueillis par un hôte français depuis 2008, et le seuil des 300.000 annonces dans l’Hexagone, son deuxième plus gros marché après les Etats-Unis. Mais l’entreprise n’a payé que 69.168 euros d’impôts en France en 2015, révèle Le Parisien. Alors que l’activité d’Airbnb a explosé en France, la plateforme a payé 18 % d’impôts en moins en 2015 qu’en 2014, ajoute le quotidien.

Le journal s’est penché sur les rouages de ce système, qui n’est pas illégal, d’optimisation fiscale. Lorsque les clients louent ou mettent en location un logement en France via Airbnb, la transaction (sur laquelle la plateforme perçoit 12 %) est gérée par des filiales de l’entreprise en Irlande (où l’impôt sur les les sociétés, de 12,5 %, est le plus faible de l’Union européenne) et au Royaume-Uni.

La filiale hexagonale de la société, la SARL Airbnb France, ne s’occupe que du marketing et de la promotion de la marque dans le pays, une prestation pour laquelle elle a dégagé en 2015 un chiffre d’affaires de 4,96 millions d’euros et un bénéfice de 166.373 euros, détaille Le Parisien. «Airbnb se conforme aux lois fiscales dansles pays où nous exerçons nos activités. Notre bureau en France fournit des services de marketing et paie toutes les taxes applicables», a répondu l'entreprise au Parisien.

Airbnb, dont le capital pèse 30 milliards de dollars (environ 27 milliards d’euros) selon la presse financière américaine, est immatriculé dans l’Etat du Delaware aux Etats-Unis, un paradis fiscal.

Une taxe de séjour reversée aux villes

Fréquemment critiqué par les professionnels du tourisme et de l’hôtellerie, qui l’accusent de concurrence déloyale, le site a en revanche mis en place une collecte de la taxe de séjour, d’abord à Paris et à Chamonix l’an dernier, puis depuis le 1er août dans 17 autres villes françaises. Airbnb a ainsi reversé 1,17 million d’euros à la Ville de Paris, collectés pour des séjours entre le 1er octobre et le 31 décembre 2015, écrit le député LR Eric Woerth dans un rapport réalisé au printemps 2016, cité par Le Parisien.

Dans le journal, le député PS Yann Galut estime que le montant des impôts payés en France par Airbnb est « complètement hallucinant ». Il dit souhaiter « doter l’administration fiscale des outils juridiques pour obliger Airbnb à acquitter un juste impôt en France ». Mi-2014, le patron d'Airbnb assurait n'avoir jamais eu de contrôle fiscal en France, rappelle Le Parisien.

Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a également réagi. « Nous avons besoin d’une réforme fiscale, il faut des sanctions du gouvernement », a-t-il déclaré ce jeudi sur France Inter.