Brexit: Paris pourrait bénéficier d'un affaiblissement de la City

Brexit: Paris pourrait bénéficier d'un affaiblissement de la City

La City de Londres, première place financière d'Europe, pourrait vaciller sur son piédestal en cas de Brexit et offrir du même coup de belles opportunités de développement à ses voisines européennes, à commencer par Paris.
© 2016 AFP

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La City de Londres, première place financière d'Europe, pourrait vaciller sur son piédestal en cas de Brexit et offrir du même coup de belles opportunités de développement à ses voisines européennes, à commencer par Paris.

QUESTION: Quel est l'état actuel des forces sur les places européennes ?

REPONSE: Actuellement Londres occupe une position dominante dans la sphère financière européenne.

La ville abrite une multitude de banques, de courtiers, de société d'investissement ou encore d'analystes financiers et est incontournable pour le marchés des changes.

Le paysage s'apprête d'ailleurs à être remodelé puisque la Bourse de Londres a amorcé un rapprochement avec celle de Francfort, qui pourrait donner naissance à un poids lourd européen et mondial.

Considérés par certains comme un moyen de parer au Brexit, cette fusion mettra toutefois du temps à se mettre en place et n'offrira pas forcément de solution miracle à la City.

Dans la mesure où, après le vote, l'état des relations entre l'UE et le Royaume-Uni ne sera pas parfaitement clair, «les actionnaires des Bourses attendront vraisemblablement de voir comment cela évolue», estime Gertrud R. Traud, économiste au sein de la banque régionale allemande Helaba.

Q: En cas de Brexit, la City aurait-elle beaucoup à perdre ?

R: Le problème central pour la City va se situer au niveau des nombreuses structures non européennes qui l'ont choisie pour rayonner en Europe.

Car une fois implantée et agréée dans un pays membres de l'Union, une entreprise peut opérer partout sur son territoire. Or une grande partie des sociétés américaines ont choisi Londres comme camp de base en Europe.

La perte de ce «passeport européen» de la finance pourrait ainsi conduire à des déménagements.

Le PDG de JPMorgan a d'ailleurs déclaré sans détour qu'un «Brexit signifierait donc moins d'emplois au Royaume-Uni et plus ailleurs en Europe».

HSBC, la première banque britannique et européenne, a aussi prévenu qu'elle pourrait déplacer un millier d'emplois de Londres vers Paris où l'établissement dispose notamment d'un vaste bâtiment sur les Champs-Élysées avec une grande salle de marchés.

La City pourrait toutefois ne pas rendre les armes tout de suite.

«Il n'y aura pas de changement immédiat dans les opérations des gestionnaires d'actifs car en cas de Brexit, le Royaume-Uni aura deux ans pour renégocier les termes de ses échanges avec l'UE», souligne l'agence de notation Moody's.

Q: La place de Paris est-elle la mieux placée pour tirer profit d'un Brexit ?

R: Outre une position centrale en Europe, la place dispose de nombreux atouts, avec des établissements financiers au rayonnement mondial.

«Paris qui est la 2e capitale financière en Europe pourrait en profiter grâce notamment au +triangle d'or+ constitué par BNP Paribas, Société Générale et Crédit Agricole», résume Eric Vanraes, gérant obligataire du suisse EI Sturdza Investment Funds.

L'association de défense de la place parisienne Paris Europlace entend bien faire valoir ses atouts. Elle a même déroulé le tapis rouge aux éventuels futurs déçus du Brexit lors d'une journée réunissant monde économique et politique le 8 juin.

«S'il y a Brexit, l'impact pourrait être important en terme de déplacement d'activités», explique Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace.

Au total «le Brexit peut représenter un gain à court terme en terme d'activité et d'emplois», ces derniers pouvant se chiffre en quelques dizaines de milliers, selon M. de Bresson.

Q: Quid des autres places financières ?

R: Francfort a une carte à jouer, la présence du siège de la Banque centrale européenne jouant le rôle d'aimant.

Une place comme Dublin peut espérer quant à elle profiter du régime fiscal avantageux pour les sociétés mis en place en Irlande.

Les autres places européennes, comme Madrid, Milan ou Amsterdam, semblent plus marginalisées, ne pouvant pas offrir la même attractivité que des centres financiers comme Paris ou Francfort.

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