Renflouement d'EDF et Areva: quelles sont les pistes pour l'Etat?
Pour voler au secours d'EDF et Areva, fragilisés par la crise ...© 2016 AFP
Pour voler au secours d'EDF et Areva, fragilisés par la crise du secteur énergétique, l'Etat va devoir mobiliser plusieurs milliards d'euros en cédant une partie de son portefeuille d'actions. Quelles sont les pistes envisagées? Quelles sont ses marges de manoeuvres et ses contraintes?
Combien va coûter le renflouement d'EDF et Areva?
Concernant Areva, dont l'Etat est actionnaire à 86,5%, une augmentation de capital de 5 milliards d'euros a été annoncée. Sur ces 5 milliards, 3 à 4 milliards seront financés sur fonds publics, le reste devant être proposé à des investisseurs minoritaires. Si personne ne se montre intéressé, l'Etat devra néanmoins prendre à sa charge l'ensemble de l'enveloppe.
En ce qui concerne EDF, confrontée à de lourds besoins d'investissements, l'Etat, principal actionnaire du groupe dont il détient 85%, s'est engagé à injecter 3 milliards d'euros, dans le cadre d'une augmentation de capital de 4 milliards. L'opération, là encore, est prévue d'ici à la clôture des comptes 2016, c'est à dire au début de l'année prochaine.
Au total, ce sont donc entre 6 et 8 milliards d'euros qui vont devoir être dégagés.
Quelles sont les marges de manoeuvre?
«La situation actuelle est singulière mais pas inédite, et nous sommes là pour y faire face», a assuré Martin Vial, directeur général de l'Agence des participations de l'Etat (APE), dans un entretien récent aux Echos. Au vu des montants en jeu, la tache s'annonce néanmoins complexe.
L'agence chargée de gérer le portefeuille de participations de l'Etat dans des entreprises, évalué à 100 milliards d'euros, dont 60 milliards de parts de sociétés cotées, dispose certes de réserves, via son compte d'affectation spéciale (CAS). Mais ce fonds, correspondant au solde des cessions et acquisitions réalisées au fil des ans, n'est aujourd'hui que de 2,4 milliards d'euros.
L'APE, en outre, doit s'accommoder de plusieurs contraintes: elle ne peut utiliser pour son action ses dividendes, versés au budget général de l'Etat, et n'est pas autorisée à s'endetter -- quand bien même les taux d'intérêt, aujourd'hui au plus bas, pourraient l'inciter à le faire. Seule solution, dans ce contexte: vendre une partie de ses «bijoux de famille», pour compenser le renflouement des groupes énergétiques.
Quelles sont les cessions prévues?
L'Etat, présent au portefeuille de 77 entreprises, n'a annoncé à ce stade que deux ventes d'actifs: celles des aéroports de Nice et Lyon, dont il est propriétaire à 60%. Ces privatisations, qui devraient se concrétiser en juillet, avec le dépôt des offres fermes des candidats, pourraient lui rapporter près de deux milliards d'euros.
Au-delà de ces cessions, «il y aura d'autres opérations», a toutefois prévenu le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, sans plus de détail.
Plusieurs pistes semblent néanmoins probables. A commencer par Renault, où l'Etat a fait passer sa participation de 15,01% à 19,74% en avril 2015 pour préserver les droits de vote double. «Nous avons toujours dit que nous n'avions pas vocation à garder les 4,7% acquis en 2015», indique-t-on à Bercy. En précisant que leur cession se fera «quand les conditions de marché le permettront» -- ce qui n'est pas le cas actuellement, le titre ayant perdu près de 12% en un an.
Autre possibilité, évoquée par la presse: céder les 14% d'actions de PSA acquises en 2014 pour venir au secours du constructeur. Achetées 800 millions, elles valent aujourd'hui près d'1,5 milliard d'euros. Le groupe Orange pourrait-il lui aussi être concerné? L'Etat n'a «pas vocation, de manière pérenne, à rester au capital» du groupe, a prévenu Emmanuel Macron... tout en niant tout projet de cession à court terme.
Que se passera-t-il si ces ventes d'actifs ne suffisent pas?
Selon Bercy, l'Etat ne revendra des actions qu'à plusieurs conditions. A savoir, principalement, le critère «stratégique» (ne pas fragiliser l'entreprise concernée) et le critère «patrimonial» (ne pas vendre à perte). «Si aucun de ces critères n'est satisfait, on ne fera pas de cession», prévient une source proche du dossier.
Dans un tel cas de figure, c'est l'Etat directement, en théorie, qui devrait prendre en charge le renflouement d'EDF et d'Areva, via son budget général. Un scénario qui s'était produit lors du sauvetage de France Télécom en 2002, mais qui n'est pas envisagé à ce stade par Bercy: «on n'est pas du tout dans ce scénario», explique-t-on.