La France plus grosse consommatrice de cigarettes illégales en Europe en 2015
TABAGISME•C’est le plus haut niveau de consommation illicite d’Europe, devant celui de la Pologne, du Royaume-Uni et de l’Italie…Clémence Apetogbor
En 2015 la France a été la championne d’Europe de la consommation de cigarettes achetées illégalement, d’après une étude de KPMG.
Cette étude commandée par les principaux cigarettiers mais contestée par le Comité national contre le tabagisme (CNCT).
Des chiffres en hausse
Le nombre de cigarettes achetées à la sauvette dans la rue ou sur internet et consommées en France a atteint 9 milliards en 2015, soit 14,6 % de la consommation totale et une hausse de 1,23 point par rapport à 2014. C’est le plus haut niveau de consommation illicite d’Europe, devant celui de la Pologne, du Royaume-Uni et de l’Italie, selon l’étude commandée par Philip Morris, Imperial Tobbaco, JTI et BAT.
Pour évaluer la consommation illégale, KPMG procède à des opérations « ramasse-paquets » (des paquets vides sont ramassés dans des rues et lieux sélectionnés pour être représentatifs) dans les 28 pays d’Europe, auxquels s’ajoutent la Norvège et la Suisse.
Si à ces cigarettes illégales, issues de la contrebande ou de la contrefaçon, sont ajoutées les cigarettes achetées légalement dans des pays frontaliers (Belgique, Espagne) ou dans des duty free shops, alors ce sont, selon KPMG, 16,68 milliards de cigarettes qui ont été fumées en France sans avoir été achetées chez les buralistes.
Un manque à gagner pour l’Etat
Rapportées aux 61,5 milliards de cigarettes achetées dans le réseau officiel, cela représente 27,1 % de la consommation (+0,8 point), 14,6 % pour les paquets illégaux, et 12,5 % pour celles qui sont légalement achetées hors de France.
En 2015, les taxes issues du tabac ont rapporté 14 milliards d’euros à l’État. « Si le volume de cigarettes issu de la contrebande et de la contrefaçon avait été acheté de manière légale, des taxes supplémentaires de 2,3 milliards d’euros auraient été levées en France », affirme KPMG.
De son côté, la confédération des buralistes a assuré dans un communiqué que « cette hausse marquante » du taux du marché parallèle de tabac est une « preuve flagrante du manque d’efficacité de la politique de lutte contre le tabagisme actuellement menée ».
Dans un communiqué, le Comité national contre le tabagisme (CNCT) a contesté des chiffres « toujours plus alarmistes » sur la question du commerce illicite des produits du tabac.
L’association dénonce le fait que « sous des chiffres annoncés sur la base d’une méthodologie toujours aussi opaque ou fantaisiste, l’objectif est clairement de faire peur et d’influencer la décision politique ».