SOCIALLa prime à l'embauche, un outil efficace pour faire baisser le chômage

Emploi: La prime à l'embauche, un outil efficace pour faire baisser le chômage

SOCIALLa mesure destinée aux PME et mise en place en janvier dernier, a déjà fait l'objet de 300.000 demandes depuis janvier...
Delphine Bancaud

Delphine Bancaud

L’embellie du mois dernier est confirmée en mai. Le nombre d’inscrits à Pôle emploi a baissé pour le deuxième mois consécutif en avril, selon les chiffres publiés ce mercredi soir. Une tendance plus positive sur le front de l’emploi, qui est pour une petite part due à une mesure mise en place par le gouvernement en janvier : la prime à l’embauche*. Cette aide financière est destinée aux PME de moins de 250 salariés, qui embauchent en CDI ou en CDD de plus de six mois un salarié payé jusqu’à 1,3 fois le Smic et s’applique aussi sur les contrats de professionnalisation de 6 mois ou plus.

Un dispositif dont se sont vite saisies les entreprises concernées. Selon les chiffres du ministère du Travail que 20 minutes s’est procurés, 300.00 demandes de primes à l’embauche ont été enregistrées depuis son lancement. Dans la majorité des cas par de très petites entreprises, puisque l’aide financière a été utilisée dans 60 % des cas par des PME de moins de 10 salariés et dans 40 % par des PME de 0 à 5 salariés. Les secteurs d’activité les plus friands de cette mesure sont la restauration, le transport et le commerce.

L’expérience réussie du « zéro charge »

Un succès qui n’étonne pas Mathieu Plane, économiste à l’OFCE : « Ce genre de dispositif fonctionne toujours bien, comme ce fut le cas pour le «zéro charge », qui a existé de décembre 2008 à décembre 2009 et permettait aux entreprises de moins de 10 salariés de bénéficier d’exonérations de cotisations patronales pour toute embauche d’un salarié rémunéré en dessous de 1,6 fois le smic », explique-t-il. La prime à l’embauche étant limitée dans le temps (jusqu’au 31 décembre 2016), beaucoup d’employeurs se sont dépêchés pour en profiter, quitte à anticiper certains recrutements.



Travail : la prime à l’embauche connaît un vrai succès

Stéphane Carcillo, professeur affilié au département d’économie de Sciences Po Paris et membre du Cercle des économistes, estime aussi que la mesure a été bien calibrée « car elle cible les PME. Or, les deux tiers des embauches se font dans les entreprises de moins de 250 salariés ». Autre vertu de la prime à l’embauche : elle concerne les bas salaires : « or, 80 % des chômeurs n’ont pas dépassé le niveau bac et sont susceptibles d’occuper des emplois payés autour du smic », souligne-t-il.

Même son de cloche positif du côté de la CGPME, le syndicat des patrons de PME: « Ce n’est pas surprenant que la mesure marche, car à l’inverse du contrat de génération par exemple, elle est simple et lisible. Elle a même permis de relancer les contrats en alternance », estime Jean-Michel Pottier, vice-président en charges des affaires sociales. Du coup, la prime à l’embauche devrait contribuer à faire baisser le nombre de chômeurs dans les prochains mois, ce qui sera utile politiquement à François Hollande, qui a promis de ne pas se représenter à la présidentielle, si le chômage ne baissait pas.

Un effet d’aubaine pour certaines PME

Reste que les économistes soulignent l’effet d’aubaine de la mesure : « Beaucoup d’entreprises auraient embaucher, même sans la prime », souligne ainsi Mathieu Plane. Une critique qui avait déjà été formulée à la création de cette prime par la CFDT et la CGT. Stéphane Carcillo refuse toutefois de considérer cette aide financière comme un simple cadeau aux entreprises et estime au contraire qu’elle aura un réel effet sur l’emploi.

Il en veut pour preuve l’étude qu’il a réalisée sur l’impact du « zéro charge » : « Cette mesure a conduit à la création de l’ordre de 30.000 emplois en un an. Et l’on peut imaginer que la prime à l’embauche générera au final un plus grand nombre d’emplois car le dispositif est ouvert à un plus grand nombre d’entreprises ». Un avis partagé par Mathieu Plane : « ce n’est pas cette mesure qui va inverser la courbe du chômage, mais elle va permettre à certains emplois de voir le jour et à certains CDD d’être prolongés », souligne-t-il.

a

Et si l’on pouvait craindre que les entreprises utilisent la prime à l’embauche pour recruter massivement en CDD avec l’intention de ne pas les renouveler, une fois l’aide financière disparue, cela ne semble pas être le cas. Car selon les chiffres du ministère du travail que 20 minutes s’est procurés, deux tiers des recrutements réalisés avec la prime à l’embauche sont en CDI.

« C’est un accompagnement financier qui tempère le risque de recruter en CDI pour les chefs d’entreprise », commente à la CGPME Jean-Michel Pottier. « Sachant que 85 % des embauches naturelles se font en CDD, la prime semble rééquilibrer la donne, ce qui est une bonne chose », souligne Stéphane Carcillo.

Une mesure peu onéreuse pour les finances publiques

Et même si certaines entreprises embauchent alors qu’elles l’auraient fait même sans aide, la mesure est bénéfique pour l’économie française, estime Mathieu Plane : « Beaucoup de PME éprouvent des problèmes de financement et sont fortement fiscalisées, car elles ne font pas d’optimisation fiscale. Cette prime est pour elles comme une forme de soutien à l’activité et fait du bien à leur trésorerie ».

L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement

En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires.

Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies

Et tout cela pour un coût peu élevé pour les finances publiques selon Stéphane Carcillo : « Cette prime va faire sortir des dizaines de milliers de personnes du chômage, qui vont ainsi permettre à l’Etat d’économiser des prestations sociales et de récupérer des charges sociales ». Son coût d’un milliard d’euros devrait donc être en grande partie amorti. Un avis partagé par Mathieu Plane : « au final, elle va générer plus d’activité et plus de recettes fiscales pour l’Etat », ajoute-t-il.

Reste à savoir si cette aide à l’embauche aura un effet réversible sur le marché de l’emploi. « Les PME vont-elles continuer à embaucher après la fin du dispositif ou vont-elles au contraire s’arrêter ? », s’interroge Mathieu Plane. « Si les PME ont des perspectives de développement, elles recruteront. Mais pour l’heure, difficile de savoir si les patrons seront confiants en 2017 », lui répond Jean-Michel Pottier.

*La prime est versée à l’échéance de chaque trimestre, à raison de 500 euros. Pour les contrats qui durent au moins deux ans, l’aide financière peut atteindre 4.000 euros.