Bayer et Monsanto discutent d'une fusion

Bayer et Monsanto discutent d'une fusion

Le groupe de chimie-pharmacie allemand Bayer a confirmé jeudi de premières discussions avec le spécialiste américain des semences OGM Monsanto à propos d'une fusion, sans que pour l'heure aucun accord ferme n'ait été trouvé.
Entrée du siège de Monsanto, à Creve Coeur au Missouri en avril 2014
Entrée du siège de Monsanto, à Creve Coeur au Missouri en avril 2014 - Juliette MICHEL AFP
© 2016 AFP

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Le groupe de chimie-pharmacie allemand Bayer a confirmé jeudi de premières discussions avec le spécialiste américain des semences OGM Monsanto à propos d'une fusion, sans que pour l'heure aucun accord ferme n'ait été trouvé.

«Les dirigeants de Bayer ont récemment rencontré les responsables de Monsanto pour discuter en privé d'une acquisition négociée de Monsanto», indique le groupe allemand dans un communiqué.

De son côté, le fabricant américain du pesticide Roundup a confirmé avoir reçu «une offre non ferme et non sollicitée de la part de Bayer» qu'il étudie actuellement.

«Il n'y a aucune certitude qu'une transaction aura bien lieu», insiste Monsanto.

Bayer, lui, indique qu'il communiquera davantage «quand ce sera approprié». En attendant les investisseurs voyaient clairement d'un mauvais oeil ce projet. A la Bourse de Francfort, l'action de Bayer chutait de 7,25% en milieu de journée.

Une telle fusion donnerait naissance à un géant dans le secteur des pesticides et des cultures OGM. Elle confirmerait également la consolidation s'opérant dans le secteur avec la fusion en cours des américains Dow Chemical et DuPont et celle du suisse Syngenta avec le chinois ChemChina. Syngenta avait au préalable rejeté les avances de Monsanto.

Après l'échec de ses discussions avec Syngenta, Monsanto a engagé une vaste restructuration comprenant la suppression de 3.600 emplois, soit 16% de ses effectifs, d'ici 2018 et la fermeture de sites et des dépréciations d'actifs.

Le groupe de Saint-Louis, dans le centre des Etats-Unis, connu notamment pour son herbicide Roundup, dont la substance glyphosate est actuellement controversée en Europe, souffre de la chute des ventes des semences transgéniques. Cela est la conséquence d'abord de la baisse des revenus des agriculteurs depuis quelques années, qui affecte la demande pour les outils agricoles, les engrais, les pesticides et les semences, mais aussi de l'appréciation du dollar qui rend les produits Monsanto chers pour les agriculteurs d'Amérique latine.

La division d'agrochimie de Bayer, dont les pesticides dits «tueurs d'abeilles» sont aussi décriés, a également souffert ces derniers mois.

- BASF aussi sur les rangs ? -

Les discussions entre Bayer et Monsanto avaient été dévoilées dans la nuit de mercredi à jeudi par le Wall Street Journal, citant des sources proches du dossier. Des rumeurs relayées par Bloomberg News avaient déjà circulé la semaine dernière à ce sujet, faisant s'envoler l'action Monsanto et pesant au contraire sur celle de Bayer. Des bruits d'une éventuelle fusion de Monsanto avec un autre allemand, le géant BASF, avaient également couru sans jamais être confirmés.

Pour l'heure, ni Bayer ni Monsanto n'ont donné d'indice sur le prix mis sur la table.

La semaine dernière, Bloomberg News évoquait une proposition à 40 milliards de dollars.

Pour les analystes de Deutsche Bank, la direction de Monsanto rechercherait un prix d'environ 150 dollars par action, ce qui représenterait une énorme plus-value par rapport à son cours actuel d'environ 97 dollars. Ils jugeaient toutefois l'aboutissement d'une telle union peu probable d'abord en raison du prix, mais aussi à cause des vraisemblables réticences des autorités de la concurrence face à une fusion géante dans les pesticides, engrais et semences.

D'autant que le bilan financier de Bayer lui laisse «des capacités très limitées», avaient pour leur part estimé les analystes de Credit Suisse. La dernière grosse acquisition de l'allemand remonte à 2014 avec le rachat des médicaments sans ordonnance de l'américain Merck pour 10 milliards d'euros. Un achat qui n'a pas tenu toutes ses promesses, selon les analystes.

Inventeur de l'aspirine, le groupe de Leverkusen (ouest) a aussi connu d'importants changements ces derniers temps. Son activité de chimie plastique a été séparée du reste du groupe et mise en Bourse sous le nom de Covestro et son patron à l'origine de ces transformations, le Néerlandais Marijn Dekkers, a décidé de quitter le navire prématurément pour prendre la tête du conseil d'administration d'Unilever.

Le nouveau patron, Werner Baumann, n'est aux manettes que depuis le 1er mai.